L’alcool coûtera plus cher en Tunisie. C’est ce qu’ont décidé les députés en votant une loi jeudi lors d’une plénière. Une mesure qui, il faut le dire, est la première du genre depuis que le parti islamiste Ennahda a pris le pouvoir. Un fait inédit.
La loi votée par les députés tunisiens vise à augmenter les prix des boissons alcoolisés. Cette augmentation devrait permettre de récolter 170 millions de dinars (85 millions d’euros), selon le secrétaire d’Etat à la Finances, Slim Besbes, sur les 26 milliards (13 millions d’euros) prévus par l’Etat dans son budget de 2013. Autrement dit, un député issu d’une autre formation islamiste s’est dit contre cette mesure en estimant que les ressources provenant des ventes d’alcool étaient “haram” (illicite). Ce n’est en tout cas pas la première fois que tout ce qui a trait à l’alcool fasse des émules dans le pays depuis un an. Ennahda ne se rend peut-être pas compte qu’il tourne autour du “pot”. Le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, faut-il le rappeler, avait lors de son voyage en Arabie Saoudite en mars dernier, provoqué une polémique en déclarant que la fermeture des bars tunisiens n’était qu’une question de temps. Le président de la République, Moncef Marzouki a aussitôt riposté : “… Cet avis n’engageait que Jebali”. Depuis sa victoire aux dernières législatives, le parti islamiste assure que la vente et la consommation du vin ne seraient pas interdites. Il conseille cela dit à ses partisans d’éviter de fréquenter les lieux où l’alcool y est vendu. Récemment, le bar d’un hôtel à Sbeïtla (centre-ouest) a été pris pour cible par des groupes extrémistes. D’autres ont mis la clé sous le paillasson suite aux nombreuses menaces. Ironie du sort. Depuis l’arrivée d’Ennahda au pouvoir, l’on aurait tendance à croire que la consommation d’alcool a baissé. Elle a plutôt augmenté ! La société de fabrication des boissons de Tunisie (SFBT) a constaté une hausse de ses ventes de 20% sur l’année 2011 par rapport à 2010. La SFBT, qui produit la bière nationale et qui est d’ailleurs sur le point de frôler la pénurie en raison de la forte demande, a annoncé une augmentation de sa production. Visiblement, Ennahda pousse à l’ivresse.
I. O