Le bâtonnier de l’ordre des avocats de Diyarbakir, Tahir Elçi, proche de la cause kurde, a été tué par balles samedi. Près de 2 000 personnes se sont rassemblées sur la place Taksim d’Istanbul avant d’être dispersées par la police.
Figure renommée de la cause kurde, Tahir Elçi a été tué par balles samedi 28 novembre par des hommes armés non identifiés à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie.
Tahir Elçi, 49 ans, venait de terminer une conférence de presse devant une mosquée dans le district de Sur, théâtre régulier d’affrontements entre la police et des jeunes combattants proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), lorsque les premiers coups de feu ont retenti. Après un échange intense de tirs entre les assaillants et des hommes entourant l’avocat, le bâtonnier a été mortellement touché à la tête. Un policier a été tué et dix autres personnes blessées, dont un journaliste et au moins deux autres membres des forces de l’ordre.
À l’appel du parti pro-kurde HDP une manifestation a rassemblé plusieurs centaines de personnes sur la place Taksim, à Istanbul, scandant « Solidaire contre le fascisme » et « Tahir Elçi est immortel ». La police a dispersé les protestataires par des tirs de grenades lacrymogènes et à l’aide de canons à eau.
Un militant de la cause kurde dans le viseur des autorités
Avocat engagé en faveur de la cause kurde, Tahir Elçi faisait l’objet de poursuites pour avoir affirmé sur CNNTurk mi-octobre que le PKK, qui mène la rébellion kurde depuis 1984 en Turquie, « n’est pas une organisation terroriste ».
Il avait été interpellé le 20 octobre dans son bureau de Diyarbakir puis inculpé d’ »apologie du terrorisme par voie de presse » par un tribunal d’Istanbul, avait d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire. Selon les réquisitions du parquet, il risquait une peine d’un an et demi à sept ans et demi d’emprisonnement. Interdit et considéré comme un groupe terroriste en Turquie, le PKK est également inscrit sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne et des États-Unis, notamment.
La mort de l’avocat intervient alors que les combats ont repris depuis l’été entre les forces de sécurité turques et les rebelles du PKK, après plus de deux ans de cessez-le-feu. Depuis le mois de juin, les militants de la cause kurde ont été visés par trois attentats attribués par les autorités à l’organisation de l’État islamique. Le dernier d’entre eux, le 10 octobre, a fait 103 morts lors d’une manifestation devant la gare d’Ankara.
Lors d’un discours prononcé à Burhaniye, le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan a réagi à la mort de Tahir Elçi en se disant « attristé ». « Cet incident a démontré combien notre détermination à combattre le terrorisme est justifiée », a ajouté l’homme fort du pays.
Avec AFP