Istanbul – Le gouvernement turc a annoncé mercredi qu’il mettait la dernière main à un projet de réformes démocratiques, tandis que les rebelles kurdes ont appelé à boycotter les écoles et à soutenir la contestation antigouvernementale en cours.
«Il s’agit d’un large paquet (de réformes) embrassant tous les domaines, dont le processus de résolution» de la question kurde, a déclaré à des journalistes le vice-Premier ministre Besir Atalay.
«Si dieu veut, nous l’aurons complété vendredi, et nous souhaitons que notre Premier ministre l’annonce quand le moment conviendra», a ajouté M. Atalay, dont les propos étaient retransmis par la chaîne d’information NTV.
M. Atalay n’a pas souhaité donner de détails sur ces réformes visant à démocratiser la Turquie, estimant qu’il revenait au Premier ministre de les annoncer.
«Il y a des amendements visant à résoudre autant que possible tous nos problèmes de société par davantage de démocratisation», s’est-il contenté d’indiquer.
Cet annonce intervient alors que les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont annoncé lundi avoir interrompu le retrait de leurs troupes de Turquie en reprochant à Ankara de ne pas tenir ses promesses de réformes, dans le cadre des négociations de paix engagées fin 2012 avec le chef emprisonné de la rébellion, Abdullah Öcalan.
Mercredi, ils ont encore durci le ton en appelant les familles kurdes à boycotter la rentrée scolaire pour réclamer un enseignement en kurde et à soutenir les manifestations contre le gouvernement islamo-conservateur qui ébranlent la Turquie depuis juin.
«Il est important que tout notre peuple soutienne un boycott d’une semaine des écoles» à l’occasion de la rentrée, lundi prochain, a affirmé la direction du PKK dans un communiqué cité par l’agence de presse kurde Firat.
«Les familles ne doivent pas envoyer leurs enfants à l’école pendant toute une semaine. Toutes les familles et leurs enfants doivent manifester le jour de la rentrée devant les directions de l’Education nationale en scandant +nous voulons un enseignement en langue maternelle+», a demandé le mouvement.
L’enseignement en langue maternelle fait partie des réformes attendues par le PKK, outre des aménagements à la loi anti-terroriste, l’instauration d’une forme d’autonomie régionale et un abaissement du seuil électoral (les partis qui n’obtiennent pas 10% des voix ne sont pas représentés au Parlement, selon la loi actuelle).
Des discussions sur une réforme de la Constitution, qui devaient permettre d’introduire une partie des réformes souhaitées par les Kurdes, sont aujourd’hui paralysées, victimes de la rivalité entre la majorité et l’opposition.
Concernant les manifestations contre le gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui ont commencé à reprendre de la vigueur en septembre après une accalmie estivale, le PKK a affirmé mercredi que «le combat du peuple pour la démocratie en Turquie et le combat du peuple kurde pour la liberté et la démocratie vont s’unir».
«Ce combat continuera jusqu’à ce que le gouvernement de l’AKP (Parti de la justice et du développement, au pouvoir) fasse des pas importants vers la démocratisation et la résolution de la question kurde», a-t-il ajouté.
Abdullah Öcalan avait affirmé en juin qu’il trouvait le mouvement de protestation antigouvernemental «plein de sens» mais le PKK, dans le cadre des négociations de paix, n’avait pas appelé les Kurdes à le soutenir.