Le Premier ministre Erdogan avait annoncé le 14 juin qu’il respecterait la décision finale qui serait rendue par le tribunal.
Un tribunal d’Istanbul a annulé le projet d’aménagement urbain controversé de la place Taksim à l’origine de la fronde antigouvernementale qui a agité la Turquie pendant trois semaines, rapportent mercredi 3 juillet les médias turcs.
Dans sa décision, prise début juin mais dont les détails ont été révélés mercredi par plusieurs journaux turcs sur leur site internet, la Première Cour administrative a justifié son annulation, susceptible d’appel, par le fait que la « population locale » n’avait pas été consultée sur ce projet.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, principale cible des manifestants, avait annoncé au plus fort de la crise, le 14 juin, que son gouvernement islamo-conservateur respecterait la décision finale de la justice dans ce dossier et qu’il suspendait les travaux d’aménagement controversés de la place jusqu’à un jugement définitif.
Le projet d’aménagement prévoyait l’arrachage de 600 arbres
La Cour a argumenté son jugement par le fait que « le plan directeur du projet viole les règles de préservation en vigueur et l’identité de la place et du Parc Gezi » qui la borde, selon le jugement cité par les quotidiens Zaman et Hürriyet.
Le 31 mai, la police turque était violemment intervenue pour évacuer quelques centaines de militants écologistes du parc Gezi qui s’opposaient à l’arrachage de ses 600 arbres dans le cadre d’un projet d’aménagement de la place Taksim.
Ce projet, défendu par le chef du gouvernement Erdogan et ancien maire d’Istanbul, prévoit la reconstruction d’une ancienne caserne ottomane à la place du parc et la construction de tunnels, aujourd’hui presque achevés, pour rendre la place piétonne.
La violence de cette intervention avait suscité la colère de nombreux Turcs et transformé le mouvement de défense du parc Gezi en vaste contestation politique contre le gouvernement, au pouvoir depuis 2002.
2,5 millions de manifestants, 4 morts et 8.000 blessés
Selon des estimations de la police, quelque 2,5 millions de personnes sont descendues dans la rue de près de 80 villes pendant trois semaines pour exiger la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir « islamiser » la société turque.
Le parc Gezi a été occupé pendant plus de deux semaines par des milliers de manifestants, qui en ontété délogés définitivement par la force le 15 juin.
Ces manifestations sans précédent ont fait quatre morts et près de 8.000 blessés, selon l’Association des médecins.