Twitter rend la police aimable

Twitter rend la police aimable

Rien d’étonnant. La Police nationale est la deuxième institution la plus populaire du pays, derrière la garde civile (gendarmerie), et loin devant la monarchie ou l’Eglise catholique, selon le dernier baromètre du Centre de recherches sociologiques (CIS). Le fruit d’une campagne de communication soigneusement orchestrée surTwitter.

Créé en mars 2009, le compte @policia affiche plus de 570 000 abonnés. Destiné à l’origine aux journalistes et aux institutions, il a changé de dimension en janvier 2012 avec le lancement de l’opération « Twitter coup de filet » par le nouveau directeur de la police nationale, Ignacio Cosido. Un style familier, des petites blagues et un langage souvent ironique inspiré des jeunes internautes ont permis de multiplier par neuf son nombre d’abonnés et de s’adresser au grand public, en particulier pour lancer des appels à témoin.

« Nous avons arrêté plus de 300 narcotrafiquants, démantelé des dizaines de points de vente et de laboratoires et reçu 11 000 mails concernant du trafic de drogue en un an et demi grâce à Twitter », assure Carlos Fernandez Guerra, responsable de la communication sur les réseaux sociaux de la police nationale.

EXPLOITATION SEXUELLE, INCENDIES… TWITTER DÉMANTÈLE TOUT

Les exemples ne manquent pas. Un réseau d’exploitation sexuelle de femmes nigériennes démantelé grâce à des témoignages envoyés après le lancement d’une campagne #contrelatraite associée à un numéro gratuit. Des vidéossexuelles interceptées et leurs propagateurs arrêtés. 400 kg de cocaïne cachés dans des peaux de vaches saisis par la police. Un incendie dans un village près de Valence éteint grâce à la mobilisation des « twitteros »…

« Nous avons publié les photos des cinq fugitifs les plus recherchés par la police. Peu après, deux d’entre eux se sont rendus d’eux-mêmes. L’un d’eux a même expliqué qu’il se sentait poursuivi, harcelé par la pression sociale », raconte Carlos Fernandez Guerra, collé à son portable du matin au soir et du soir au matin.

Huit fonctionnaires de police, chargés de la communication, sont installés dans de vieux locaux situés dans le centre de la capitale. C’est de là que sont gérés la page Facebook et le compte Twitter, et que sont réalisées des vidéos d’information ou de prévention ensuite postées sur YouTube.

Le seul à ne pas être agent de police est le consultant en communication Carlos Fernandez Guerra. Il rédige la petite dizaine de tweets quotidiens destinés à relaterles derniers succès des opérations policières, mais surtout à lancer des campagnes de prévention, rappeler les sanctions encourues pour certains délits et solliciter la collaboration citoyenne. En plein match de football, un tweet prévient que l’usage de lasers lumineux par le public est interdit et passible de sanctions.

Avant l’été, un autre informait que les barbecues dans la nature sont dangereux. On peut aussi lire des messages comme « Drague en terrasse. Fais gaffe à ton portable ». Ou encore « La boîte du compteur est pour les fusibles. Le pot de fleur pour les plantes. Le paillasson pour les pieds. Les clefs, dans la poche. #mamaisonensécurité », afin de faire prendre conscience des erreurs habituelles qui peuvent faciliter le travail des cambrioleurs. Cet été, des conseils de prudence, associés à des liens vers la dernière campagne vidéo de la police sur les dangers de la vie quotidienne, sont diffusés tous les jours et retweetés par des centaines, voire par des milliers d’internautes.