UE: ultime feu vert à l’entrée de la Lettonie dans la zone euro

UE: ultime feu vert à l’entrée de la Lettonie dans la zone euro

Bruxelles – Les ministres des Finances de l’UE ont donné mardi l’ultime feu vert à l’entrée de la Lettonie dans la zone euro, une adhésion saluée comme le couronnement des efforts d’austérité de cet Etat balte qui deviendra le 1er janvier le 18e membre d’une union monétaire toujours secouée par la crise.

«Oui, nous rejoindrons l’euro le 1er janvier», s’est félicité au cours d’une conférence de presse à Bruxelles le Premier ministre letton Valdis Dombrovskis, y voyant une «bonne nouvelle pour la Lettonie et pour la zone euro».

Les ministres des Finances des 28 étaient les derniers à se prononcer mardi, après les feux verts déjà accordés depuis début juin respectivement par la Commission européenne, les chefs d’Etat et de gouvernement, et le Parlement européen.

Mais il leur revenait de prendre une décision importante: fixer le taux de change entre la monnaie lettone, le lats, et l’euro. Un exercice d’autant plus crucial et délicat que «beaucoup estiment que lorsque le Portugal a adhéré à l’euro, l’escudo était surévalué et que cela a conduit aux problèmes économiques ultérieurs du pays», aujourd’hui sous programme d’aide internationale, soulignait récemment un diplomate européen.

Le taux de conversion a été fixé à 0,702804 lats pour un euro.

L’entrée de la Lettonie dans l’euro a été saluée par plusieurs responsables européens comme une preuve de la force d’attractivité de la monnaie unique, malgré la crise.

«Nous ne devons pas sous-estimer l’importance de cet événement», a souligné le ministre des Finances lituanien, Rimantas Sadzius, dont le pays préside l’UE pour six mois et prévoit d’entrer à son tour dans la zone euro en 2015. «C’est la preuve que le modèle économique européen est viable, que le projet européen est viable», a-t-il ajouté.

«Le fait de rejoindre la zone euro constituera (…) une confirmation de la force de la zone euro», avait récemment insisté le président du Parlement européen, le social-démocrate Martin Schulz.

La détermination de la Lettonie à remplir les critères d’adhésion a également été saluée. Le pays a fait des efforts drastiques pour sortir de la crise qui l’a frappé en 2008-2009 et l’a plongé dans une profonde récession avant qu’il ne se relève et n’enregistre une croissance de 5,6% en 2012.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a mis l’accent récemment sur «le redressement économique impressionnant obtenu grâce à la détermination dans les réformes économiques et la rigueur budgétaire».

Pour M. Schulz, «à bien des égards, la Lettonie peut être vue comme un exemple de courage pour les pays en difficulté de la zone euro».

Riga devrait enregistrer une croissance de 3,8% cette année et de 4,1% en 2014, selon les dernières prévisions de la Commission européenne. Les autres indicateurs traduisent une bonne santé économique et sont conformes aux critères de convergence budgétaire.

Une bonne santé que le ministre letton des Finances, Andris Vilks, a mise en avant mardi. Il s’agit de «l’économie qui croît le plus vite» et «du marché du travail qui croît le plus vite», a-t-il dit.

Les dirigeants lettons estiment que l’adhésion à l’euro apportera à leur pays une stabilité financière, stimulera les investissements et éliminera toute spéculation sur la monnaie.

Mais la population n’est guère enthousiaste. Selon un sondage réalisé mi-mai par l’institut TNS, 62% des Lettons sont contre.

«Nous avons confiance dans l’Europe et dans la zone euro», a insisté M. Vilks mardi. «Nous faisons un travail d’explication, de communication. (…) Les gens réalisent que l’euro est déjà là» et que «nous avons besoin de stabilité».

«Nous voyons beaucoup de bénéfices à moyen et long terme» dans le fait d’adhérer à l’euro, qui représente «un ancrage important pour des petites économie, surtout que nos voisins l’ont aussi», a poursuivi M. Vilks en citant la Finlande et l’Estonie qui a adhéré à la monnaie unique en 2011.

Il a souligné que la Lettonie profiterait de l’expérience de son voisin pour assurer «une transition douce» vers l’euro.