Fraîchement élu à la tête de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), en remplacement du très contesté Abdelmadjid Sidi Saïd, Salim Labatcha semble déterminé à rompre avec les pratiques du passé pour redorer le blason de l’UGTA et aller vers une véritable réconciliation avec les travailleurs.
Invité de la Chaîne III sur les ondes de la Radio nationale, le nouveau secrétaire général de l’UGTA a fait un constat plutôt amer de la situation actuelle de la centrale syndicale, qui a perdu beaucoup de sa crédibilité ces dernières années et a promis d’entamer un processus de refonte de l’organisation «responsable et sincère». «On doit incarner le changement car nous sommes dans un processus favorable au changement pour promouvoir la compétence et la jeunesse. Depuis le 22 février, tout a changé et on doit en profiter au sein de l’organisation pour essayer de faire de grandes choses et élaborer le diagnostic du fonctionnement de l’organisation», a indiqué Salim Labatcha. En ajoutant : «Il est tout à fait clair que l’opinion publique est mitigée, c’est à nous de redorer le blason de l’UGTA, et nous sommes conscients qu’il y a énormément de travail à faire avec sincérité.»
Le nouveau responsable n’a pas manqué de souligner aussi les difficultés auxquelles il devra faire face, résultat de longues années d’une gestion archaïque. Dans ce sens, il a annoncé le lancement prochain d’une série de consultations et de rencontres entre les différents responsables délégués syndicaux et les travailleurs. «Il y a beaucoup d’erreurs qui ont été commises par le passé, il est temps de rompre avec les pratiques du passé et de se rapprocher de notre base et de l’écouter. C’est à ce titre que nous comptons lancer un processus de rencontres qui vont regrouper les responsables syndicaux et les travailleurs. Le travailleur a beaucoup de choses à nous dire et nous devons l’écouter directement pour travailler ensemble et trouver les solutions idoines à mettre en place ainsi que les meilleures formules pour régler les problèmes sociaux», a-t-il affirmé.
Pour ce qui est de la refonte de la centrale syndicale, Salim Labatcha a estimé qu’il s’agit d’«un grand chantier qui nécessite les efforts de tous. On doit commencer par une évaluation responsable. Je suis conscient que nous avons perdu la confiance des travailleurs, mais nous devons travailler dur pour la reconquérir», a-t-il dit. Il poursuit : «Le processus entamé avant le congrès doit continuer, des objectifs ont été arrêtés dans les cadres socioprofessionnel et de l’organisation. On doit commencer à mettre en place ce processus de refonte qui va prendre un peu de temps, car nous avons hérité de nombreuses mauvaises habitudes. On doit rétablir le rôle de l’UGTA qui doit revenir à sa mission principale qui est la défense de l’intérêt moral et physique du travailleur, de l’entreprise et du pouvoir d’achat», a-t-il souligné.
Pour ce qui est de l’ouverture de l’UGTA aux syndicats autonomes, longtemps bannis par la centrale, le nouveau responsable semble vouloir définitivement enterrer la hache de guerre. «La situation actuelle exige de nous d’aller vers tout le monde. On ne doit pas être dans l’adversité, on doit travailler ensemble et, pourquoi pas, unifier nos actions, peu importe que les adhérents soient autonomes ou UGTA», a-t-il déclaré. Par ailleurs, soucieux de l’avenir des entreprises, dont certains dirigeants sont poursuivis par la justice, le responsable a estimé que ces «outils de travail doivent être épargnés». Pour ce qui est des décisions de blocage des comptes à l’encontre de certaines de ces dernières, Labatcha prévient qu’elles vont les «impacter négativement», notamment, signale-t-il, lorsqu’il s’agira pour elles de vouloir importer des matières premières et des équipements qui leur sont nécessaires.
Opposé à toute liquidation de ces entreprises, il fait savoir que les pouvoirs publics ont été approchés par son organisation aux fins de désigner des administrateurs chargés d’en assurer la gestion et de pérenniser leurs activités. De la contribution que pourrait, d’autre part, apporter son organisation pour faire sortir le pays de l’ornière dans laquelle il est bloqué et de l’accompagner dans sa délicate phase de transition politique, le responsable annonce que l’UGTA est actuellement en train de travailler à l’élaboration de propositions pouvant compléter celles d’autres acteurs.