Dans son discours devant les chefs d’Etat et de gouvernement lundi à Addis Abeba, le roi du Maroc a clairement signifié que l’Union du Maghreb Arabe (UMA) pourrait être dissoute dans un proche avenir. Une menace lourde de sous entendus pour l’avenir de l’Union et le Maghreb ‘’des peuples’’.
Le Maroc, tourné vers l’Europe
Les déclarations du monarque marocain à la fin du 28eme sommet de l’Union africaine, sont-elles annonciatrices de sombres présages pour une UMA dotée de toutes les institutions, mais qui fonctionnent au ralenti? Le constat du roi du Maroc a été fait déjà par celui du patronat algérien. Le 1er mai 2009 à Alger, le président de la Confédération algérienne du Patronat (CAP), et membre fondateur de l’Union maghrébine des employeurs (UME), Boualem M’rakech, avait déjà relevé les prémisses de ce »non Maghreb ». »Les pays de la région du Maghreb perdent 2% de leur PIB par an, en raison des lenteurs accusées dans le processus d’intégration économique de la région », a-t-il expliqué à l’ouverture du 1er forum des hommes d’affaires Maghrébins. Citant une étude d’un bureau conseil européen, il a indiqué que l’Algérie met sur le marché européen 62% de ses exportations, notamment des hydrocarbures, et en achète 58%, alors que le Maroc réalise 60% de ses échanges (agriculture, textile) avec l’Europe.
Pour la Tunisie, ce sont 78% de ses exportations, qui partent vers l’UE et effectue 72% de ses importations à partir de ce même marché. Le constat de Mohamed VI sur »le non Maghreb » est réel, mais le Maroc brille tout autant que les pays de la région par son absence sur le marché régional. D’autant que Rabat a conclu dans les années 2000 au moins trois grands accords commerciaux de libre échange, dont un avec les Etats-Unis, et l’autre avec la Turquie. En plus de l’accord d’association avec l’UE, dont un volet controversé sur la pêche.