Le cinquième accusé Belkebir Mohamed Omar, auditionné dans l’après-midi d’hier a affirmé au juge d’audience qu’il occupait le poste Khalifa Médicaments puis a rejoint l’autre filiale spécialisée dans l’imprimerie. Il a affirmé qu’il avait bénéficié en 2000 d’un véhicule Daewoo et d’un autre véhicule de marque Toyota.
Il a reconnu en avoir gardé un et remis l’autre aux éléments de la Gendarmerie nationale. Le mis en cause a fait une révélation fracassante en déclarant en pleine audience : « En octobre 2003, j’ai reçu un bon de commande pour imprimer des portraits géants du président de la République Abdelaziz Bouteflika ; des personnes se sont opposées et m’ont interdit de les réaliser à l’imprimerie que possédait Khalifa Abdelmoumene Rafik.
Quelques instants plus tard, j’ai reçu une communication téléphonique de la part de Khalifa Abdelmoumene qui m’a donné des directives d’imprimer les photos du président de la République pour les utiliser dans la campagne électorale de 2004.
Il n’a pas manqué de faire remarquer que l’imprimerie Khalifa était la seule à travers le territoire national qui avait les capacités d’imprimer des photos géantes allant de 3 mètres de long à 60 mètres ».
Il a tenu à préciser dans le même contexte que : « le bon de commande qu’il a refusé au départ avait été fait par une commune de la wilaya d’Ain Defla ».
Comme il fallait s’y attendre, le président du tribunal criminel Antar Menouar a entamé, au 13e jour du procès d’Abdelmoumene et ses complices, les auditions des ex-employés et ex-fonctionnaires ayant occupé des postes de responsabilité dans les différentes filiales du groupe Khalifa Bank. Ces derniers avaient été poursuivis, rappelons-le, au cours de l’instruction judiciaire en matière délictuelle pour, notamment, abus de confiance au détriment de la caisse principale de Khalifa Bank.
Le premier accusé qui a été auditionné par le juge d’audience est l’ancien directeur des moyens généraux de Khalifa Airways, à savoir Belkacem Rabah, lequel a nié toutes les accusations retenues contre lui par le juge d’instruction le 27/03/2006. Il a nié avoir accaparé le véhicule de marque Golf qui lui a été confié en 2002 dans le cadre de sa mission au sein de la compagnie aérienne de l’ex-golden boy.
Le mis en cause a affirmé avoir restitué la voiture en question juste après la convocation des gendarmes chargés de mener l’enquête préliminaire, le 04/04/2005, tout en avouant que la voiture, qui était au nom de Rafik Abdelmoumene Khalifa était endommagée.
« J’ai gardé la voiture. Je l’ai endommagée ! »
Le prévenu a par ailleurs tenu à préciser qu’il n’a pas restitué le véhicule pour la simple raison qu’il l’utilisait pour transporter sa défunte épouse qui souffrait d’une grave maladie : « J’ai gardé la voiture juste pour transporter mon épouse qui était gravement malade, monsieur le président.
C’est toujours moi qui payait les charges, notamment l’assurance. Je l’ai endommagée ! ».
A propos des billets gratuits dont il a bénéficié, il a déclaré au juge : « J’ai bénéficié de deux billets l’un pour Tébessa et l’autre pour Paris ! ».
A cet instant, le procureur général intervient et lance à l’accusé : « Vous avez bénéficié de quatre et non de deux billets comme vous venez de le déclarer ! ». Pouvez-vous nous dire sur quelle base vous avez bénéficié de ces avantages ? » coupe le procureur Et l’accusé de répondre : « J’ai bénéficié de ces avantages pour la simple raison que j’exerçais au groupe Khalifa ! J’estime que c’était mon droit le plus absolu, monsieur le procureur ! ».
Appelée à la barre pour se justifier quant aux avantages dont elle a bénéficié auprès de Khalifa locations de voitures, Madjda Aggoun, qui gère une société privée spécialisée dans le conditionnement pour l’hôtellerie des produits alimentaires, a affirmé au juge : « Je ne m’attendais pas à être poursuivie pour abus de confiance.
J’ai loué deux voitures de marques Toyota Corolla et Toyota Ico auprès de Khalifa location de voitures en juin 2003. » Elle a déclaré au juge d’audience qu’elle a restitué les deux véhicules juste après la notification qui lui a été remise par la Gendarmerie nationale sur instruction du juge d’instruction : « La Toyota Corolla, je l’ai restituée à la société qui me l’a louée et la Toyota Ico, je l’ai remise au liquidateur de la caisse principale de Khalifa Bank ».
Le procureur intervient et déclare à l’attention de l’accusée : « Ce sont des cadeaux, n’est-ce pas ! »Et la prévenue de répliquer : « Est-ce que vous trouvez que c’est normal, monsieur le procureur, que les cadeaux soient payés ! ».
Le troisième accusé poursuivi pour abus de confiance qui a comparu à la barre est Boukarma Hakim ; il a d’emblée affirmé avoir occupé le poste de chargé de la sécurité au sein du groupe Khalifa et à Khalifa TV.
Il a indiqué qu’il a décidé de garder le véhicule de marque Citroën Berlingo que lui a été remis par l’ex- directrice de Khalifa TV Hadj Djillani Samira, car il en avait vraiment besoin pour les déplacements de son père qui souffrait d’une grave maladie. Il a par ailleurs souligné qu’il n’a rendu cette voiture que lorsque les gendarmes l’ont informé qu’il devait la restituer, le 11/15/2004. Il a reconnu avoir remis le véhicule dans un état lamentable.
Interrogée, Ladjelat Lillia a connu une ascension vertigineuse au sein du groupe Khalifa depuis son lancement en 1998 : de chargée de la clientèle à la direction générale de Khalifa Airways à chargée de plusieurs missions dont la formation sur le plan administratif et de la réservation d’hôtel, notamment en ce qui concerne ses interventions pour faire bénéficier son frère et sa sœur d’avantages. Elle a déclaré : « Mon frère et ma sœur ont des qualités qui leur ont toujours permis d’occuper des postes de responsabilité. Ils étaient brillants ; c’est pourquoi ils ont pu décrocher des postes de travail au sein de Khalifa Airways ».
La mise en cause a par ailleurs affirmé : « N’importe qui pouvait décrocher un job au sein de Khalifa Airways ! ». A la question de savoir si elle a bénéficié des biens, elle a répondu : « J’ai bénéficié d’un véhicule de marque Polo qui appartenait à Khalifa Bank et d’un portable cellulaire que j’ai remis au lendemain de la dissolution du groupe aux services de la Gendarmerie nationale ».
56 milliards dans les chambres d’hôtels de luxe
Elle a par ailleurs indiqué que : « Pas moins de 56 milliards de centimes ont été déboursés par Khalifa dans la location de chambres dans des hôtels de luxe se trouvant à Alger dont le Hilton et le Sheraton, au profit des cadres et fonctionnaires du groupe Khalifa.
Cette somme faramineuse s’étalait sur une année ! ». Meziane Ben Tahar Meziane M’Hamed, qui a commencé à travailler au sein de Khalifa Médicaments en octobre 2002 suite à un contrat signé par l’ancien directeur de cette société, Bakhti Brahim, a reconnu avoir bénéficié d’un véhicule de service appartenant à Khalifa Bank, agence d’El Harrach de marque OPEL et qu’en date du 29/07/2003, il a été informé par le même directeur qu’il a été mis fin à ses fonctions qui l’a sommé de remettre les clés de la voiture.
Il a par ailleurs souligné qu’en date du 22/01/2003, des gendarmes se sont présentés chez lui et ont procédé à la saisie dudit véhicule avant de le remettre au liquidateur de la caisse principale de Khalifa Bank sise à Chéraga. Il a par ailleurs nié avoir bénéficié d’autres avantages de la part du groupe Khalifa, notamment de billets gratuits de voyage à bord de Khalifa Airways, il a répondu : « Non ! Je n’ai bénéficié d’aucun billet de voyage ! ».
Il convient de signaler que des informations ont circulé hier au tribunal criminel de Blida faisant état que le liquidateur de la Banque centrale d’Algérie, Badsi Moncef, se réunira aujourd’hui avec les différents responsables et représentants des différentes banques étatiques.