Un réseau médiatique électronique pour la promotion des œuvres théâtrales arabes sera créé en avril prochain. Ce vecteur d’information électronique contribuera à la promotion des idées, des visions et de la critique théâtrale arabe ainsi que des représentations sur vidéo, avec l’objectif de devenir une référence scientifique pour le développement, qualitatif et quantitatif, du théâtre arabe.
Le Festival du théâtre arabe, organisé par l’Office national de la culture et de l’information (Onci) en collaboration avec l’Instance arabe du théâtre, qui se déroule simultanément depuis le 10 janvier dernier, à Oran et Mostaganem, clôturera aujourd’hui sa 9e édition, après dix jours d’intenses activités. A Mostaganem, les ateliers de formation au profit d’étudiants, dramaturges arabes et écrivains algériens, initiés dans le cadre de cette 9e édition ont pris fin mardi dernier. Les dix ateliers, organisés du 12 au 17 janvier au Conservatoire de musique de Mostaganem, ont profité à 258 participants dont des étudiants universitaires de Mostaganem et de l’Institut supérieur des métiers de spectacles (Ismas) de Bordj El Kifffane, des dramaturges arabes et algériens. Ils ont été encadrés par des spécialistes et des artistes arabes de Jordanie, Tunisie, Bahreïn, Palestine, Maroc, Irak et Liban. Ces ateliers ont abordé différentes spécialités, entre autres, l’interprétation, la mise en scène, le maquillage, les costumes, le théâtre par des comédiens non-voyants et l’écriture théâtrale.
Evaluant cette session de formation, le coordinateur de ces ateliers et enseignant d’art dramatique à l’Institut des cadres de la jeunesse et des sports, Zarzour Toubal, a estimé qu’elle a été un succès sur tous les plans permettant aux stagiaires de profiter d’expériences et de connaissances nouvelles sur le théâtre. Les sessions de formation se poursuivront dans les années à venir pour toucher différentes wilayas, a-t-il fait savoir, appelant à se concentrer sur le théâtre universitaire amateur en tant que pépinière du théâtre professionnel.
Kenza Mebarki et Omar Ferroudj lauréats algériens d’écriture
Deux Algériens ont décroché le 2e et 3e prix du concours d’écriture théâtrale pour enfants, organisé dans le cadre du festival. Le deuxième prix a été décerné à l’Algérienne Kenza Mebarki pour son texte Djeha digital racontant l’histoire de Djeha, pour attirer l’attention des enfants sur leur patrimoine, leur langue et leur identité, à l’ère de l’hégémonie des nouvelles technologies. Cette écrivaine qui a décroché, deux fois successivement, le «prix du chahid Ali Maachi», initié par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, a également décroché le «prix Dr Haifae Es-Sanaaoussi» du monodrame au Koweït en 2016. L’Algérien Omar Ferroudj a, lui, décroché le troisième prix pour son texte Un seul zéro tentant de mettre l’accent sur l’importance de l’informatique à développer l’imagination et la pensée chez l’enfant.
Mustapha Mohamed Abdelfettah de Syrie, qui a participé avec son texte «Darine cherche un pays», s’est vu décerner le deuxième prix bis. Le troisième prix bis a été attribué à l’Egyptien Mohammed Moustadjab pour son texte «Photo selfie».
Le premier prix de ce concours n’a pas été attribué par le jury pour «faiblesse» de la langue et de l’écriture scénique ainsi que la construction des personnages, «sans pour autant sous-estimer la valeur critique du prix», a indiqué le membre du jury, le critique palestinien Fathi Abderrahmane qui a expliqué que les textes primés «nécessitent une amélioration». Une approche qui a fait que le jury a préféré décerner deux prix ex aequo.
Création d’un réseau médiatique électronique
Un réseau médiatique électronique pour la promotion des œuvres théâtrales arabes sera créé en avril prochain, a annoncé mardi passé à Oran le responsable de l’information et de la publication de l’Instance arabe du théâtre. Le dramaturge Ghanem a déclaré à l’APS qu’«un réseau médiatique électronique consacré au théâtre arabe est devenu une réalité». Parmi les objectifs de ce réseau qui aura une plus grande vitalité et responsabilité, augmenter le volume d’informations sur le théâtre arabe en plusieurs langues, diffuser le savoir théâtral arabe sur Internet, faire connaître plus le théâtre arabe et véhiculer l’événement théâtral à tous les amateurs du 4e art. Ce mécanisme d’information électronique contribuera à la promotion des idées, des visions et de la critique théâtrale arabe et des représentations sur vidéo, au point de faire de ce réseau une référence scientifique pour développer le théâtre arabe.
Résistance intellectuelle face aux phénomènes de la violence
Par ailleurs dans le cadre de la poursuite des représentations, dans la ville d’Oran, la pièce irakienne «El kharif» (L’automne), placée dans la catégorie hors compétition de cette 9e édition a été donnée, mardi passé à la médiathèque de la bibliothèque Bakhti-Benaouda, devant un public intéressé et curieux
Le metteur en scène, Samim Hassaballah, a expliqué, lors de la séance de présentation de la pièce, que sur le plan technique la pièce présente quelques spécificités et ne peut être jouée dans les théâtres conventionnels, mais a besoin d’un espace spécial et adéquat pour que le spectacle puisse atteindre ses objectifs.
C’est même une condition de l’Institut du théâtre arabe, qui avait souhaité que la représentation se déroule dans un site historique. Le comité de sélection du Festival du théâtre arabe avait assisté à la première représentation de la pièce au niveau d’une vieille bâtisse à Baghdad et avait été séduit par l’idée.
Le comité en a même fait une condition et a demandé à la troupe de donner la représentation dans un site historique à Oran durant la 9e édition du Festival, a expliqué Samil Hassaballah.
Pour ce faire, cinq édifices historiques d’Oran ont été visités et le choix du metteur en scène est tombé sur la salle de la médiathèque. Et c’est ainsi que la salle a été mise à la disposition de la troupe, afin d’offrir à la troupe un espace propice et conforme à la représentation.
La pièce El Kharif (L’automne) est inspirée de l’œuvre de l’écrivain français Jean Genet Haute surveillance et de la pièce Sirdab (sous-sol) de l’écrivain irakien Haïder Joumâa. La scénographie a été signée par Ali Soudani.
La pièce est interprétée par Yahia Ibrahim, Haïder Joumâa, Bahaâ Hayoune et Hichem Jawad. Elle aborde le thème délicat des assassinats sectaires en Irak et le metteur prévient, et s’excuse même, de la violence et de la dureté de certaines scènes, arguant que la réalité est souvent davantage plus atroce dans un Irak miné par les tragédies, les destructions et la guerre. La pièce pose de nombreuses questions et essaye de décrire ce que le tueur sectaire pense au moment où il accompli son acte et, plus tard, ce qu’il pense de ses propres actes et quelles réponses apporte-t-il à ses propres questions et comment fait-il face à ses peurs, à la témérité et à la folie de ses actes passés. La pièce transpose, sur le plan esthétique, la tragédie irakienne sur la scène théâtrale et reproduit quelques scènes de violence inouïes afin de frapper les esprits et leur faire comprendre la dure réalité du peuple irakien.
Dans ce même contexte, le metteur en scène a souligné qu’ El Kharif n’est pas une simple représentation, mais un projet théâtral né d’une thèse de doctorat intitulée «La symbolique de la violence au théâtre». Samim Hassaballah a ajouté que la pièce n’a pas pour simple objectif de décrire et de dénoncer les violences sectaires en Irak. Pour lui, ce n’est pas une fin en soi, mais la pièce présente, en filigrane, l’espoir d’un avenir prometteur pour le peuple irakien.
De son côté, lors d’une conférence-débat à la veille de la présentation de sa pièce Zombie et les dix erreurs, le metteur en scène égyptien Tarek Douiri a indiqué, mardi à Oran, que la scène théâtrale de son pays tente de s’adapter à la réalité de la société, notamment dans la période de l’après 25 janvier conduisant à la chute du régime de l’ex président Moubarak. Douiri a souligné que la scène théâtrale en Egypte, surtout les nouvelles productions «veulent s’adapter à la nouvelle donne née suite à la révolution du 25 janvier». Il a ajouté que «le théâtre égyptien se trouve dans la même situation que celle de sa société tentant de connaître l’expérience de la révolution, ses points forts et ses points faibles et ses erreurs», saluant la volonté de la nouvelle génération théâtrale.
Le théâtre égyptien actuellement se pose des questions sur cette problématique et cherche des réponses, tout en se félicitant de «la prise de conscience des sociétés arabes de l’importance de la résistance intellectuelle face aux phénomènes du terrorisme, de la violence et de l’extrémisme».
Le metteur en scène égyptien a estimé que l’intérêt accordé par le théâtre arabe aux sujets de l’heure représente une renaissance culturelle et sociale décisive capable d’influer sur la situation des pays arabes. La pièce Zombie et les dix erreurs, écrite par le metteur en scène, a été présentée hier, en clôture des représentations théâtrales hors concours.