Attentat imminent déjoué au Canada. Un jeune canadien abattu mercredi par la police devait perpétrer une attaque dans les 72 heures et avait prêté allégeance au groupe Daesh (l’acronyme en arabe de l’Etat islamique) dans une vidéo martyre interceptée quelques heures plus tôt par le FBI américain.
Vers 16h30 locale mercredi (22h30 heure française), Aaron Driver, 24 ans, « est sorti d’une maison » de la petite localité de Strathroy, à 225 km au sud de Toronto, avant de « s’engouffrer dans un taxi qui venait d’arriver ».
La police a voulu intercepter le véhicule quand un engin a explosé dans le taxi, blessant légèrement le chauffeur.
« Le suspect a été tué au cours de l’affrontement avec la police », a déclaré Mike Cabana, commissaire adjoint de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale).
Le jeune Canadien « cherchait un endroit densément peuplé » pour mener son attaque, a-t-il souligné, notant qu’à ce stade de l’enquête tout indique qu’il n’avait pas de complice.
Le Canada alerté par le FBI
L’alerte a été donnée vers 8h30 mercredi (14h30 heure de Paris) lorsque les responsables du FBI ont contacté leurs homologues canadiens après avoir intercepté une vidéo sur laquelle un homme masqué prévient le gouvernement canadien qu’il doit répondre de son engagement aux côtés de la coalition internationale contre le groupe Daesh.
« Vous avez une lourde dette à payer et vous avez du sang de musulmans sur les mains », déclarait cet homme sur la vidéo avant de prêter allégeance « au jihad » et au groupe Daesh.
Il a fallu moins de trois heures aux services canadiens pour identifier l’auteur de la vidéo: Aaron Driver, un sympathisant de Daesh, converti à l’islam au début des années 2010, déjà connu des agences de renseignement, et qui avait été autorisé en février à ne plus porter son bracelet GPS devant permettre de le suivre en permanence.
Dans le même temps, une alerte avait été émise à travers le pays, en particulier à Toronto, plus grande ville canadienne. L’agence de transport en commun de Toronto (TTC) avait ainsi été informée par les autorités d’une « menace terroriste crédible », a indiqué jeudi Brad Ross, porte-parole de cette agence à la chaîne CTV. La présence policière a été renforcée sur les lignes de transport en commun de la métropole canadienne, empruntées chaque jour par 1,8 million de personnes.
Suspect repéré en 2014
Les forces de l’ordre « ont fait ce qu’elles avaient à faire, il ne voulait pas se rendre », a raconté son père Wayne au journal National Post, après avoir été informé par la police de la mort de son fils.
Driver avait été arrêté l’an dernier pour ses sympathies affichées sur les réseaux sociaux avec le groupe Daesh. Il avait été libéré en février et placé sous un strict contrôle judiciaire. Assigné à résidence, il avait emménagé en février avec sa soeur dans un pavillon de Strathroy, localité située à 225 km de Toronto.
Aaron Driver avait été repéré par les services de renseignement dès l’automne 2014 juste après les attaques successives au Québec et dans la capitale fédérale Ottawa perpétrées par des jeunes radicalisés aux idées jihadistes. Deux membres des forces armées avaient été tués.
Niveau d’alerte terroriste maintenu à « moyen »
Les enquêteurs ont ensuite établi que le suspect était en contact avec des sympathisants du groupe Daesh à l’étranger. La police a constaté que « M. Driver communiquait à travers un chat avec deux membres bien connus de l’Etat islamique », sans être en mesure d’avoir accès aux contenus de leurs échanges en raison de leur utilisation d’un logiciel de cryptage de données.
Tout début mai 2015, l’homme a reçu un message d’Alton Simpson, un des deux hommes lourdement armés, soupçonnés d’être des jihadistes, qui avaient tenté d’attaquer un rassemblement d’une organisation islamophobe au Texas organisant un concours de caricatures de Mahomet. Ils avaient été tués par la police.
Interpellé juste après, la police devait découvrir le mode d’emploi pour fabriquer un engin explosif artisanal. Aaron Driver avait été remis en liberté après avoir accepté de porter un bracelet électronique et de suivre un strict contrôle judiciaire. Il avait ensuite emménagé chez sa soeur à Strahroy, dans la maison où la police l’attendait mercredi.
Malgré cette nouvelle alerte, les autorités ont maintenu le niveau d’alerte terroriste à « moyen ».