Un colloque scientifique lui a été consacré, « L’Emir Abdelkader a sauvé la géographie algérienne »

Un colloque scientifique lui a été consacré,  « L’Emir Abdelkader a sauvé la géographie algérienne »

La présidente du comité scientifique a souligné que «cette rencontre, sera désormais une occasion annuelle dédiée à tous les hommes ayant marqué l’histoire algérienne».

A quatre jours de la célébration de la date coïncidant avec celle de l’allégeance portée à l’Emir Abdelkader, des chercheurs, professeurs et doctorants de l’Histoire, étudiants en histoire venus de cinq universités de la partie Ouest du pays se sont réunis à partir d’hier, et pour deux jours consécutifs, au Palais de la culture Abdelkrim-Dali de Tlemcen pour débattre et cerner sous plusieurs angles l’oeuvre du fondateur de l’Etat algérien moderne, l’Emir Abdelkader.

La rencontre a été dans l’ensemble de ses travaux une occasion pour revenir aussi loin dans l’Histoire algérienne pour cerner d’abord la vie du fils de Mohieddine, l’Emir Abdelkader, à commencer par son soufisme jusqu’à son lancement dans la guerre contre le colonialisme.

Le colloque a également servi d’occasion pour les intervenants de revenir, avec force détails, sur la place donnée par l’Emir Abdelkader à la langue arabe en la diffusant tout en la promouvant dans un contexte marqué par l’avancée du colonialisme auquel les soldats de l’Emir faisaient face en livrant des batailles sur plusieurs fronts, l’une après l’autre, notamment dans la partie Ouest du pays, l’Oranie.

En dépit de la promotion par l’Emir Abdelkader de la langue arabe pendant l’occupation coloniale, les participants à la rencontre d’hier n’ont, dans la majorité de leurs communications, pas omis de souligner qu’en plus de la lutte armée déclenchée plusieurs autres fronts ont été ouverts dont entre autres l’acharnement de l’Emir Abdelkader dans sa lutte pour la préservation de l’identité et de la culture algériennes.

Intervenant dans ce sens, le professeur Salah Boukhaouche, chercheur lui aussi en Histoire contemporaine, dira que «l’Emir Abdelkader a lancé le Front de l’enseignement et de la propagation de l’éducation dans la société algérienne dans le but de faire face aux campagnes de déracinement de l’identité algérienne orchestrées par les colons français».

En réagissant de la sorte, l’Emir, étant convaincu de la nécessité de la protection de l’identité algérienne a, dans ce sens, procédé à l’ouverture des centres de recherches comme la bibliothèque de la Zmala qui est un exemple irréfutable», a souligné le professeur Boukhaouche Salah ajoutant qu’«évoquer l’oeuvre de l’Emir doit cerner toute son oeuvre en plus de la guerre militaire qu’il a menée pendant près d’une vingtaine d’années».

Hamid Aït Habbouche de l’université de Tlemcen a, quant à lui, axé son intervention sur une remise en cause d’un manuscrit retrouvé en 1967 par la famille Chevalier dans une cave d’un immeuble en France.

Le document, imputé à l’Emir Khaled, est pour le professeur Aït Habbouche, compromis, ne contenant pas toute la vérité sur ce qui est appelé «la réddition de l’Emir Abdelkader».

Le professeur Hamid Aït Habbouche, en se référant à plusieurs oeuvres, a remis, de bout en bout, en cause le contenu dudit manuscrit remis à Monseigneur Henri Tessier qui était en train de préparer dans sa thèse de doctorat sur l’éEmir Abdelkader.

«Plusieurs modifications ont été apportées au document», dira Aït Habbouche. Pour preuve, a-t-il insisté, le manuscrit a été rédigé en langue arabe dialectal alors que l’émir est, dans toutes ses oeuvres, connu pour son utilisation d’un arabe parfaitement maîtrisé». La réddition de l’émir ainsi que plusieurs autres racontars ne sont, souligne Hamid Aït Habbouche, que des cancans ne pouvant tenir debout.

Ces dires, a-t-il expliqué, ont été «propagés par les coloniaux dans le but de ternir l’image de l’Emir».

«L’homme, incarné par la personne de l’Emir Abdelkader, qui a mené une guerre armée acharnée contre l’armée coloniale ne peut pas se rééditer», a-t-il affirmé. Le professeur Hanifi Helali, directeur des recherches contemporaines à l’université de Sidi Bel Abbès, répertoriant 126 résistances populaires déclenchées et menées contre l’occupant colonial depuis sa conquête de l’Algérie en 1830, n’a pas été en reste en revenant sur la «reddition» de l’Emir en avançant deux raisons principales.

L’émir, étant lâché par ses alliés, a opté pour la paix (salama) tout en sauvant la géographie et la religion algériennes. L’Emir Abdelkader, dans son oeuvre aussi bien militaire que religieuse, a constitué l’essentiel des travaux de la première Rencontre nationale organisée par le comité national scientifique du Musée national d’archéologie islamique de Tlemcen.

La présidente dudit comité, Ben Chenafi Zoukha, est revenue sur les raisons motivant l’organisation d’un tel événement en affirmant que «cette rencontre, qui est dans sa première édition rentrant dans le cadre de la célébration des festivités du mois de la Révolution, sera désormais instaurée en tant que tradition annuelle dédiée aux hommes et personnalités qui ont marqué l’Histoire algérienne».

Le directeur du Musée national d’archéologie islamique, Boudehane Saïd, a annoncé que «la deuxième édition sera consacrée à Cheikh Bouamama tandis que la troisième sera consacrée à Cheikh Belhaddad et à El Mokrani».