L’autoroute reliant Alger à l’est du pays a été fermée, hier, à la circulation automobile par les habitants du quartier Sbaat.
La capitale a vécu un début de semaine mouvementé! La route de l’est vers le centre d’Alger a été complètement bloquée à la circulation durant la journée d’hier au niveau de Rouiba (banlieue est d’Alger)!
Des habitants en colère ont bloqué cette route à grande vitesse avec des gravats, pierres et autres objets hétéroclites. Ils ont même allumé des pneus usagés engendrant des colonnes de fumée, mais surtout des embouteillages monstres. C’est encore une fois la bombe à retardement du relogement qui a provoqué ces inadmissibles débordements, car en fait, les manifestants ne réclamaient pas à être relogés, mais plutôt à déloger les nouveaux relogés dans leurs quartiers. Pour faire plus simple, un conflit éclate entre nouveaux et anciens habitants d’un quartier de cette paisible ville, à savoir Sbaat. Ce quartier qui se trouve à la sortie de la ville a récemment vu emménager de nouveaux habitants, dans le cadre du relogement de l’habitat précaire de la capitale. Les nouveaux arrivés viennent pour la majorité du tristement célèbre bidonville de «Haouch Kerrouche» dans la commune avoisinante de Réghaïa.
Ce bidonville qui avait comme surnom «Haouch Dallas» avait fait la une de la presse nationale du fait des agressions que commettaient certains de ses voyous contre les automobilistes au niveau de l’infernal barrage de gendarmerie à Réghaïa. Le bidonville a donc été détruit, ses habitants relogés dans des logements décents. Mais cette belle carte postale n’était que la face visible de l’iceberg. «Leur relogement a été le début de l’enfer pour nous», peste Salim, un des contestataires d’hier. «Sbaat est un petit village tranquille dans la commune de Rouiba. On se connaît pratiquement tous, il n’y a jamais eu de problèmes. Mais depuis qu’ils sont là, on se croirait au Bronx. On assiste à des trafics de drogue, des vols en tous genres, des batailles rangées. Ils se battent entre eux et avec nous. Ils insultent nos filles…», raconte-t-il. «Hier, une énième bagarre s’est déclenchée entre eux et nous après qu’ils ont agressé un de nos jeunes. On a essayé tous les moyens légaux pour mettre fin à notre calvaire. En vain!», poursuit-il pour expliquer les raisons de leur passage à l’acte. «Ce matin, on a donc décidé de prendre le taureau par les cornes en choisissant la solution extrême. C’est le seul langage que comprennent les autorités.
On leur a montré que l’on pouvait nous aussi être des voyous. La survie de notre beau village en dépend», réplique de son côté Nabil, un autre jeune manifestant. La protestation s’est poursuivie durant plusieurs heures. Les villageois en colère ont réclamé la venue du wali d’Alger et les responsables de la sécurité au niveau de la capitale. La route est restée bloquée malgré la forte mobilisation des forces antiémeute de la gendarmerie, qui étaient déjà intervenues la veille pour mettre fin aux hostilités. Cet incident relance une nouvelle fois le débat sur la politique du relogement…Car, ce n’est pas un cas isolé. A chaque nouvelle arrivée, on assiste aux mêmes scènes de violence qui ont même provoqué des morts et ce, dans les quatre coins du pays! Apparemment, le relogement seul, sans accompagnement sociologique et psychologique ne suffit pas. Il leur semble difficile de s’habituer à la vie normale avec la masse de frustrations et d’aigreurs qu’ils ont emmagasinées durant des décennies dans des situations d’insalubrité et de «mal habitat». Il faut ajouter à cela des problèmes d’intégration dus au «houmisme» et le cloisonnement de ces habitants dans leur environnement naturel.
La cohabitation devient ainsi des plus impossibles…