L’été qui a défié les us et botté au loin les rigueurs du calendrier s’est installé prématurément dans nos murs. La canicule qui sévit actuellement et si pour certains est une véritable épreuve, pour d’autres, elle relève de la bénédiction. C’est le cas pour les nombreux gérants de solarium et autres opérateurs du secteur du tourisme qui se disent servis par les derniers caprices du calendrier.
«L’été est la seule période où nous réalisons nos meilleures recettes. La conjoncture sociale s’est répercutée sur notre chiffre d’affaires et cette année nous risquons de vivre les difficultés endurées l’année dernière quand la saison estivale a été écourtée par le Ramadhan», dira le gérant d’un complexe touristique de la corniche oranaise. Pour lui, les affaires l’obligent à ne pas attendre l’ouverture officielle de la saison estivale prévue le 21 juin prochain.
«Cette année, nous serons obligés de trouver le moyen de ne pas travailler à perte durant le mois de Ramadhan. Avec un été fractionné, ce sont nos affaires qui sont compromises. Je me rappelle l’année dernière, nous avions cassé nos prix et adopté des formules inédites pour capter la clientèle, mais cela n’avait pas marché, car aussi bien la clientèle émigrée que locale avaient vu leurs habitudes estivales bouleversées par le Ramadhan.
Nous allons dès cette semaine proposer des formules de séjour week-end pour les familles pour tenter de récupérer ce qui peut l’être encore car les réservations du mois de juillet n’ont atteint à ce jour qu’un taux de 20%, ce qui est loin des années fastes où on affichait complet bien avant le lancement de la saison estivale», dira-t-il. Les plagistes qui piaffent d’impatience pour lancer leur activité reprochent aux responsables de certaines communes balnéaires les retards constatés dans les délibérations pour l’attribution des solariums. «J’ai déjà installé mes équipements et j’attends cette autorisation.
La canicule qui avait sévi le week-end dernier m’avait forcé à travailler, même si je m’exposais à une interdiction. Je ne sais pas ce qu’ils attendent. Ils doivent savoir que pour le mois de juillet, nous allons travailler à perte. La fréquentation des plages va chuter et les responsables de la commune ne veulent pas réagir», dira le gérant d’un solarium à Bousfer plage. Les responsables de la commune de Bousfer tiennent un autre langage, loin à des années-lumière des plagistes.
Pour eux, l’été qui s’installe avant l’heure ne peut rien signifier. «Nous avons un calendrier officiel d’ouverture de la saison estivale et nous sommes tenus de le respecter. Nous sommes encore au stade des préparatifs et tous ceux qui seraient tentés de lancer leur activité à l’heure actuelle s’exposent aux rigueurs de la loi», fera remarquer un élu de cette localité. De nombreux commerçants spécialisés dans les activités saisonnières se disent également pris au dépourvu par l’été précoce.
«La collection spéciale été que je devais recevoir à partir du 15 juin est déjà en retard. Je ne sais pas comment faire pour livrer tous mes clients avant le lancement de la saison estivale. Et avec le Ramadhan qui approche, les stocks pourraient connaître une mévente à cause de la collection prévue pour l’Aïd», dira un importateur de prêt-à-porter.
Et comme dit le vieil adage, les malheurs des uns font le bonheur des autres, ceux qui activent dans le marché informel rient sous cape. Le champ leur est laissé libre en attendant l’arrivée des opérateurs bloqués par les rigueurs de l’administration qui ne veut pas admettre que l’été est bien installé et qu’il faut décréter l’ouverture de la saison estivale.