Un fonds national de « mis en retrait » pour libérer les entreprises des sureffectifs !

Un fonds national de « mis en retrait » pour libérer les entreprises des sureffectifs !

Les entreprises algériennes sont, pour des raisons politiques, en sureffectifs. L’impact de ces personnels payés à ne rien faire est désastreux sur la vie des entreprises. Dans cette opinion, B.Mahdi suggère de les « retirer » des entreprises et de créer un « Fonds national des mis en retrait » financé par le Trésor pour les payer à ne rien faire.  C’est moins couteux, dit-il ! Arguments…

Dans ses récentes instructions, le premier ministre a fortement insisté auprès des entreprises publiques pour procéder à des recrutements massifs notamment en direction des chômeurs du sud. Les recrutements massifs font du tort à l’économie nationale car ils déstructurent les entreprises publiques et affaiblissent leur gouvernance sans réellement et surtout durablement résorber le chômage. Vouloir faire remplir à l’entreprise un rôle sociétal aux dépens de ses activités économiques finira par la tuer. La solution? Créer un fond qui paierait les gens à rester chez eux…

Des armées mexicaines

Il y a une pensée fausse qui veut faire remplir à l’entreprise qu’elle soit publique ou privée un rôle sociale pour lequel, elle n’est ni faite ni outillée. On pense qu’elle peut régler des tensions sociales qu’elle n’a pas générées à la place d’autres institutions. Or, c’est une évidence mais qui a besoin d’être dite: une entreprise est censé être un lieu où on travaille et qui doit gagner de l’argent. Vouloir en faire une institution philanthropique est en contradiction avec les lois économiques fondamentales et ne se fait qu’à ses dépens et l’addition est forcément payée un jour ou l’autre. Une entreprise reste et doit être le centre de production de richesse et non un organisme budgétivore.

Embaucher du personnel au-delà de ce qui est nécessaire nuit à la cohésion du travail car rien n’est plus démotivant dans des équipes de travailleurs en sureffectif que de penser qu’ils ne fournissent pas le même effort et chacun a le sentiment de travailler tout seul. En plus, lors de ces recrutements massifs, c’est généralement des connaissances de cadres ou des travailleurs déjà en place qui sont recrutés ou alors des pistonnés des autorités locales ou autres potentats. Ces recrues sont le plus souvent insuffisamment formées voire incompétentes et ne doivent leurs places qu’à leurs connaissances.

Elles sont par la suite intouchables et restent « invirables » pour ne pas déplaire aux personnes qui les ont recommandés. On peut aussi retomber dans les recrutements familiaux ou népotiques. Des entreprises comme Sonatrach, Air Algérie ou la SNTF sont des exemples en la matière. On a même vu un jour un PDG d’Air Algérie déclarer publiquement que les employés d’Air Algérie avaient le droit de faire embaucher leurs enfants mais il a précisé pour faire bon mesure que c’était pour un seul enfant. En fait, on s’en doutait un peu, mais que le PDG l’annonce publiquement… On devine la tête des passagers s’ils savaient que les mécaniciens qui ont vérifié les moteurs ou les pilotes de l’avion ont été recrutés parce que leur papa travaille dans la même compagnie…

Entreprises ou garderies d’adultes ?

Le dilemme des travailleurs en surnombre à cause des chômeurs à qui il faut trouver une occupation à défaut d’un travail et le souci de ne pas déstabiliser les entreprises, peut être résolu par la création d’une caisse ou un fond spécialisé à prendre en charge ces travailleurs surnuméraires. Ces travailleurs continueraient à être payés même en restant chez eux à ne rien faire à condition de quitter les entreprises et les laisser fonctionner normalement. Bien sûr pour être politiquement correct, on dira que ces travailleurs sont « en retrait » ou en formation et ce fond est financé directement par le budget de l’Etat. Le plus drôle, c’est qu’il n’est même pas sûr que cela coûterait beaucoup plus à la collectivité nationale car actuellement ils sont déjà payés à ne rien faire ou presque.

Les entreprises subissant des masses salariales démesurées par rapport à leur activité économiques sont chroniquement déficitaires et par la suite régulièrement renflouées par l’Etat. La gestion de la masse salariale a fini par perdre toute rationalité économique avec l’assurance d’avoir l’Etat qui vient éponger les découverts en fin de mois et comble du ridicule, on a même vu des entreprises déstructurées et déficitaires accorder des augmentations de salaire. L’instauration d’une telle caisse déchargerait les entreprises de l’aspect social et les recentrerait sur leurs activité de base car l’importance de la masse salariale qui souvent englobe toutes les charges et les dépenses d’une entreprise fait que cette dernière n’est plus en mesure de dégager les marges suffisantes pour investir et renouveler son outil de production qui à la longue devient obsolète.

Ce fond qui en gros paierait les gens à ne rien faire ne serait même pas une originalité Algérienne. De telles solutions sont déjà appliquées de par le monde par de nombreux pays sous des formes différentes comme le RSA en France ou le l’allocation de solidarité au Brésil. Bien que les chômeurs ne soient pas spécifiquement visés par ces fonds, ils constituent la majorité des personnes bénéficiaires et cela permet de laisser les entreprises travailler selon les normes économiques. Ces fonds permettraient par leurs budgétisation de connaître combien cette politique sociale coûte exactement au pays et aussi de réduire les subventions car on passerait de la subvention aux produits actuellement en vigueur à la subvention aux personnes car souvent, les chômeurs et les pauvres constituent la même population. Cela permettra aussi de mettre les entreprises devant leurs propres responsabilités, elles qui trouvent souvent prétexte des sureffectifs qui leurs sont imposés de leurs inefficacité. L’Algérie commencerait à s’en sortir le jour où elle comprendra que les entreprises sont avant tout un lieu où on travaille et où on gagne de l’argent et pas en définitive des immenses garderies d’adultes.