Quel choc et quel chagrin pour ce musulman ou cette musulmane venus se recueillir sur la tombe de son fils unique, de sa mère ou de son père, en découvrant sur les lieux…un incendie en plein jour en train de ravager les tombes de leurs chers défunts. Un cimetière à l’abandon, tombes recouvertes de broussailles, entourées d’ordures nauséabondes … Faut-il rappeler que le cimetière est un lieu de respect pour ceux qui y sont enterrés ainsi que pour leurs familles et leurs amis ? Ne pas respecter nos morts, c’est aussi manquer de respect, d’estime et d’empathie pour les vivants.
En effet, hier vendredi, nous avons appris qu’un incendie s’est déclaré au cimetière de Sidi Benhaoua au moment précis d’une cérémonie d’enterrement, où une foule considérable s’apprêtait à accomplir la prière d’un défunt (djanaza), juste après la prière de la ‘’djamouaâ’’. Le sinistre fut maîtrisé rapidement par les éléments de la Protection Civile avertis par l’appel d’un citoyen présent sur les lieux. En ces journées caniculaires où le soleil tape fort, le risque d’incendie est majeur dans les endroits boisés et notamment dans les monts, jardins publics et cimetières communaux, où les ronces et les épines couvrent tous les sentiers, des herbes sauvages très hautes, foisonnantes, couvrant partiellement les sépultures et rendant les allées à peine visibles et des tas d’immondices et des canettes de bières vides jonchent le sol très facilement inflammable…sans oublier les détritus et ordures jetées pèle mêle un peu partout ornant d’une façon malsaine des lieux sacrés. Un décor aberrant du cimetière de Sidi Benhaoua à Mostaganem où reposent nos ancêtres et proches, où un manque d’entretien flagrant. Et c’est essentiellement ce délaissement qui est l’une des causes principales qui a provoqué un tel incendie qui demeure au moment où nous mettons sous presse assez flou. Ce sera aux services compétents de déterminer les circonstances exactes ayant provoqué ce sinistre. Une conséquence d’une négligence qui fait toujours polémique et dont les causes seraient controversées et chacun va de son point de vue et analyse sur l’état lamentable de cet endroit sacré qui est le cimetière. D’après des témoins oculaires, les flammes se sont vite propagées le long d’un buisson mitoyen du mur d’enceinte séparant le cimetière du centre principal de distribution de la ville de Mostaganem appartenant à la SONELGAZ, alimentant la majorité des foyers de la commune. Rappelons qu’un incendie similaire a eu lieu dans un cimetière,situé à Kheir Eddine au Douar Allaoucha en novembre 2013 ..! Qualifié de massacre, ce genre de violations et de profanations de cimetières musulmans se traduit par une atteinte grave aux âmes des morts et un trouble à leur repos éternel qui ne peuvent que témoigner de la négligence des responsables des communes et l’incivisme des citoyens. Le phénomène d’abandon et de mauvais entretien des cimetières n’est pas spécifique à Mostaganem mais, il est constaté un peu partout au niveau national, malgré les efforts consentis par des associations citoyennes qui ont pris conscience de la gravité du problème d’image que pose ce type de situation, surtout dans un pays musulman. La presse nationale et locale a tiré la sonnette d’alarme en dénonçant à maintes reprises ces abandons qui nuisent à la réputation des communes concernées par le phénomène. En ce sens, il est fort regrettable de constater que les morts n’échappent pas à l’incivisme d’une société qui a perdu tous ses repères. Il fut un temps où ce lieu de repos éternel était respecté et bien entretenu. Malheureusement, aujourd’hui ce n’est pas le cas ; la situation est toute autre : autres temps, autres mœurs.
B. Adda