L’escalade militaire se poursuit dans la péninsule coréenne, mercredi, avec le tir réussi d’un missile nord-coréen effectué depuis un sous-marin et qui est allé jusqu’à pénétrer la zone d’identification de défense aérienne du Japon.
La Corée du Nord a tiré depuis un sous-marin un missile (SLBM), mercredi 24 août, qui a parcouru 500 km kilomètres en direction du Japon, ce qui constitue pour les experts une nette avancée dans les programmes balistiques nord-coréens.
La distance couverte par le projectile, qui a été suivi par l’état-major interarmée sud-coréen, dépasse de beaucoup celle de précédents missiles SLBM, qui n’avaient pas dépassé 30 km, ce qui laisse penser que la Corée du Nord a effectué d’importants progrès techniques.
Une véritable capacité de lancement de missiles SLBM ferait monter d’un cran la menace nucléaire nord-coréenne, puisque Pyongyang pourrait porter sa dissuasion bien au-delà de la péninsule coréenne.
« Beaucoup de questions se posent quant à cet essai, mais il a certainement été un succès », a estimé Jeffrey Lewis, directeur du Programme sur la non-prolifération en Asie orientale à l’Institut Middlebury des études internationales de Californie.
« Ce système est toujours en développement, mais la Corée du Nord est clairement en train de faire des progrès », a-t-il poursuivi.
Le missile est « entré dans la zone d’identification de défense aérienne » du Japon
Les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU interdisent à Pyongyang de développer son programme balistique, mais la Corée du Nord a multiplié les essais de missile depuis son quatrième essai nucléaire en janvier.
Séoul a riposté en acceptant le déploiement controversé sur son sol du bouclier anti-missiles américain THAAD, une décision condamnée par Pékin et Moscou. Mais Jeffrey Lewis a observé que la technologie SLBM serait une « parade efficace » au THAAD du fait de la capacité des sous-marins à tirer des missiles « derrière » les radars.
Mercredi, le missile a été tiré depuis un sous-marin croisant en mer du Japon. Et, ce qui n’était jamais arrivé pour un projectile de cette nature, le missile est « entré dans la zone d’identification de défense aérienne » (ADIZ) du Japon, a déclaré le Premier ministre japonais Shinzo Abe, cité par la chaîne publique nippone NHK. Une zone dans laquelle tous les avions doivent s’identifier auprès des autorités locales.
Shinzo Abe a dénoncé « une sérieuse menace pour la sécurité du Japon, un acte irresponsable qui ne peut être toléré », selon des propos rapportés par l’agence de presse Jiji. L’armée américaine, elle, a dénoncé une « provocation ».
Un contexte déjà très tendu
Ce tir intervient dans un contexte déjà très tendu sur la péninsule. Début août, Pyongyang avait tiré depuis la terre ferme un missile balistique qui, pour la première fois, s’était abattu dans les eaux japonaises. Les dernières semaines ont également été marquées par une série de défections de Nord-Coréens et le déclenchement, lundi 22 août, de manœuvres annuelles impliquant 50 000 militaires sud-coréens et 25 000 Américains. Cet exercice, « Ulchi Freedom », simule sur ordinateur une attaque nord-coréenne.
Dans son communiqué, l’armée sud-coréenne estime que le nouveau tir de missile vise à jeter de l’huile sur le feu et représente un « sérieux défi ». « Nous réagirons avec fermeté et sévérité à toute provocation », ajoute l’armée sud-coréenne dans son communiqué.
Séoul et son allié américain assurent que leurs manœuvres sont purement défensives, mais Pyongyang y voit une provocation, son ministère des Affaires étrangères allant jusqu’à les qualifier d’ »acte criminel impardonnable », qui pourrait précipiter la péninsule « au bord de la guerre ».
L’Armée populaire coréenne (KPA) s’est dite « complètement prête à lancer des frappes préventives de représailles contre toutes les forces offensives ennemies impliquées ».