Un policier détourne 30 milliards de centime et achète 24 voitures

Un policier détourne 30 milliards de centime et achète 24 voitures

Un scandale financier d’une ampleur inédite éclabousse la sûreté de la wilaya d’Alger. Un agent de police, chargé de la gestion des finances au sein du service santé, activités sociales et sportives, est accusé d’avoir détourné près de 30 milliards de centimes entre 2016 et 2022.

Pour accomplir son méfait, il se serait servi d’un outil aussi banal qu’un stylo à encre effaçable, exploitant cette méthode ingénieuse pour falsifier des chèques et manipuler des fonds publics.

Les investigations ont révélé que l’accusé, connu sous les initiales A.H., falsifiait les chèques après les avoir fait signer par ses supérieurs. Grâce à ce stylo particulier, il modifiait les montants et changeait les noms des bénéficiaires, dirigeant ainsi l’argent vers son compte personnel ou ceux de ses complices.

Cette méthode lui a permis de contourner les contrôles pendant plusieurs années, accumulant des sommes colossales à l’insu des autorités.

Une fraude facilitée par des failles dans la gestion

Les premiers éléments de l’enquête ont mis en évidence de graves lacunes dans la gestion financière des services concernés. L’absence de registres comptables clairs, combinée à un manque de contrôle sur les dépenses, a ouvert la voie à des irrégularités majeures. A.H., qui occupait à la fois les fonctions de comptable et d’agent chargé de la caisse, jouissait de pouvoirs étendus qui lui permettaient de gérer les fonds sans réelle supervision.

En manipulant les dossiers comptables, il créait des factures gonflées ou fictives qu’il justifiait par des dépenses officielles. Les audits ont révélé que, pour les années 2019 à 2021, plusieurs dossiers financiers étaient introuvables, représentant un manque à gagner estimé à des dizaines de milliards de centimes.

Cette situation a favorisé le détournement systématique des fonds publics, à tel point que des sommes importantes ont été transférées directement sur le compte personnel de l’agent ou sur ceux de ses partenaires.

Des biens de luxe accumulés grâce à l’argent détourné

Les sommes détournées ont permis à A.H. et à ses complices de financer un train de vie extravagant. Lors des perquisitions menées à son domicile, les enquêteurs ont découvert des preuves accablantes, notamment plusieurs montres de luxe de marques internationales ainsi qu’un parc automobile impressionnant.

L’accusé possédait à lui seul 11 véhicules, tandis qu’un de ses complices, Z.S., en détenait 13. Ces acquisitions incluaient des voitures haut de gamme, utilisées comme symbole ostentatoire de leur enrichissement illicite.

En plus de ces biens, les enquêteurs ont mis la main sur des documents falsifiés, des clés USB contenant des données compromettantes, et même le stylo à encre effaçable qui aurait été au cœur de la fraude.

L’argent détourné a également servi à l’achat de biens immobiliers, notamment un appartement que l’agent occupait dans un quartier prisé d’Alger.

Un réseau organisé autour de l’agent principal

L’enquête a permis de dévoiler l’existence d’un véritable réseau criminel impliquant plusieurs complices. Outre l’agent principal, trois individus ont été identifiés comme des partenaires actifs dans cette affaire. Z.S., T.A. et K.A., agissant en tant qu’intermédiaires ou fournisseurs, ont joué un rôle clé dans la dissimulation des fonds détournés.

Ensemble, ils mettaient en place des factures fictives et des dossiers comptables frauduleux, permettant de justifier les dépenses aux yeux des autorités.

Entre 2019 et 2021, les transferts effectués depuis les comptes des services sociaux ont atteint des sommes astronomiques. Près de 11 milliards de centimes ont été versés sur le compte personnel de Z.S., tandis que plus de 10 milliards ont été détournés directement vers le compte d’A.H. Ces fonds étaient officiellement présentés comme des dépenses liées aux activités professionnelles, notamment au dispositif de sécurité.

L’ampleur de cette affaire a poussé les autorités judiciaires à accélérer les investigations. Le dossier, traité par la cour de Sidi M’hamed, devrait être prochainement transmis à la justice pour un procès attendu.

Les suspects seront poursuivis pour plusieurs chefs d’accusation, notamment détournement de fonds publics, falsification de documents officiels, blanchiment d’argent et abus de fonction.

Cette affaire illustre une fois de plus les failles systémiques qui persistent dans la gestion des finances publiques. Elle met également en lumière l’urgence de renforcer les mécanismes de contrôle interne afin d’éviter que de telles pratiques ne se reproduisent.

En attendant, le procès des principaux accusés s’annonce comme l’un des moments forts de l’année judiciaire, avec l’espoir de faire toute la lumière sur cette affaire qui a ébranlé les institutions.