La manifestation pacifique avait été organisée pour demander la libération de nos trois frères emprisonnés. Tôt le matin, nous sommes allés exposer le problème à notre régent [chef traditionnel], mais il n’était pas là. Car le maire de la ville est parti. Alors, nous sommes allés au niveau de la route nationale 1 pour installer des barricades. La police nous a lancé des gaz lacrymogènes, nous avons riposté avec des pierres.
Ensuite, j’ai vu qu’il y avait un mort parmi les forces de l’ordre, il était en treillis. C’était le commissaire, il avait tenté de fuir avec sa voiture quand un groupe l’a battu avec des pierres.
Ils nous ont poursuivis jusqu’au fleuve, des personnes ont mis le feu à des véhicules. Ils ont alors fait appel aux bérets rouges. Il y a eu plusieurs blessés, certains sont toujours à l’hôpital. Lors des précédents affrontements, nous avons perdu cinq vies humaines et le gouvernement n’a pas puni les responsables.
Le projet de réserve naturelle aura des conséquences désastreuses sur mon activité de cultivateur. Comment allons-nous pouvoir nourrir nos enfants ? Même avec ces terres, nous n’arrivons pas à joindre les deux bouts…
En ce moment, les femmes et les enfants quittent la ville. On est dans l’inquiétude, les militaires sont déployés partout.
« Ils ont tiré à balles réelles »