Un commissaire de police a été lynché, jeudi, par des manifestants à Mango, dans le nord du Togo. Le dernier épisode d’une flambée de violences, déclenchée au début du mois par un projet de réserve naturelle qui conduirait à des expropriations. Le projet qui crée les remous à Mango, à 500 km au nord de Lomé, prévoit de réhabiliter des aires protégées de la préfecture de l’Oti. La mesure, parrainée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui concerne plusieurs pays comme le Bénin, le Ghana ou le Burkina Faso, a pour objectif de borner les espaces où la faune et la flore sont protégés. Au Togo, trois préfectures sont concernées pour un total de 179 000 hectares : Kpendjal, Kéran et Oti.
Touré Aziz, cultivateur, a participé aux manifestations jeudi 26 novembre.

La manifestation pacifique avait été organisée pour demander la libération de nos trois frères emprisonnés. Tôt le matin, nous sommes allés exposer le problème à notre régent [chef traditionnel], mais il n’était pas là. Car le maire de la ville est parti. Alors, nous sommes allés au niveau de la route nationale 1 pour installer des barricades. La police nous a lancé des gaz lacrymogènes, nous avons riposté avec des pierres.

Ensuite, j’ai vu qu’il y avait un mort parmi les forces de l’ordre, il était en treillis. C’était le commissaire, il avait tenté de fuir avec sa voiture quand un groupe l’a battu avec des pierres.

Ils nous ont poursuivis jusqu’au fleuve, des personnes ont mis le feu à des véhicules. Ils ont alors fait appel aux bérets rouges. Il y a eu plusieurs blessés, certains sont toujours à l’hôpital. Lors des précédents affrontements, nous avons perdu cinq vies humaines et le gouvernement n’a pas puni les responsables.

Le projet de réserve naturelle aura des conséquences désastreuses sur mon activité de cultivateur. Comment allons-nous pouvoir nourrir nos enfants ? Même avec ces terres, nous n’arrivons pas à joindre les deux bouts…

En ce moment, les femmes et les enfants quittent la ville. On est dans l’inquiétude, les militaires sont déployés partout.

« Ils ont tiré à balles réelles »