Le remaniement ministériel était attendu. Des départs prévisibles ont été enregistrés. Celui de Khelil paraissait inévitable. Un poste de vice-Premier ministre a été créé pour Zerhouni.
La grosse surprise est que Ghoul est toujours sur la route. Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines, s’en va. Il est remplacé, dans le cadre d’un remaniement ministériel annoncé hier, par M. Youcef Yousfi.
C’est, du point de vue de l’économie et du regard extérieur, l’élément le plus important du remaniement décidé par le président Abdelaziz Bouteflika. La formule consacrée, qui veut que M.Chakib Khelil soit «appelé à d’autres fonctions», est de mise dans le communiqué de la présidence.
Chakib Khelil n’est pas mis à l’écart tout seul, son départ s’insère dans un remaniement global. Ultime tentative de sauver la face d’un ministre de l’Energie fragilisé par la tornade des affaires qui a emporté, en prison ou sous contrôle judicaire, le staff de Sonatrach. Le secteur, vital pour l’Algérie, était déstabilisé.
La nouvelle direction de Sonatrach a été installée pour rétablir sa stabilité. Mais la présence de Chakib Khelil à la tête du secteur de l’énergie, alors que les affaires de corruption ont emporté ses proches et s’approchaient de lui, maintenait un facteur de doute. L’arrivée de Youcef Yousfi, qui a été déjà ministre de l’Energie sous la présidence du général Liamine Zeroual, participe de cet effort destiné à rétablir la stabilité du secteur des hydrocarbures.
Le second élément important de ce remaniement est, outre le maintien d’Ahmed Ouyahia au poste de Premier ministre, alors que la rumeur le donnait pour partant, la création d’un poste de vice- Premier ministre pour M. Nouredine Yazid Zerhouni. Celui-ci cède la charge du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales à Dahou Ould Kablia pour une fonction de vice-Premier ministre aux contours non encore définis.
Ce poste semble, a priori, donner plus de poids politique à Zerhouni, tout en le déchargeant de la gestion directe. Dans le domaine de l’économie, le départ de Hachemi Djaâboub, «appelé à d’autres fonctions» et remplacé par M. Mustapha Benbada, est notable. Hachemi Djaâboub, dont le discours a été particulièrement offensif à l’égard de l’Union européenne, ne sera pas en charge de la renégociation de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Europe.
L’autre constat notable – la plus grande surprise de ce remaniement – est que Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, reste à son poste. Les affaires judiciaires pour corruption et malversation engagées, notamment autour de la réalisation de l’autoroute Est-Ouest, ne l’ont pas affecté. Il continue de ce fait d’avoir la confiance du président de la République.
D’un autre côté, M. Hamid Temmar a perdu un ministère opérationnel (Industrie et Promotion de l’investissement) pour un ministère de la «Prospective et des Statistiques » qui semble plus orienté vers les études. Il faut relever également la promotion de Moussa Benghamadi au poste d’Algérie Télécom, au poste de ministre de la Poste et des Technologies de la communication et de l’information.
Il remplace ainsi M. Hamid Bessalah, dont la communication sur l’affaire Djezzy a montré des défaillances évidentes corrigées de loin par Karim Djoudi, qui reste, lui, à sa place au ministère des Finances.
M. Saadoune