Le gouvernement cède aux caprices des concessionnaires automobiles sur la question des conditions précédemment définies pour l’importation de véhicules.
Désormais, les importations déjà effectuées ces dernières semaines et qui faisaient l’objet de polémique entre les concessionnaires et le gouvernement sont exemptes des conditions exigées par le nouveau cahier des charges. Ainsi, les conditions de sécurité exigées dans l’équipement des véhicules neufs importés sont revues à la baisse, notamment celles concernant les airbags.
La polémique récente concerne les véhicules bloqués au port pour non-conformité aux nouvelles dispositions prévues dans le cahier des charges. Mais avec cette nouvelle volte-face du gouvernement, ces véhicules objet du litige pourront être écoulés sur le marché sans problème, au grand bonheur des lobbies de l’importation et au grand dam du citoyen algérien dont la sécurité est renvoyée aux calendes grecques.
Le ministère de l’Industrie et des Mines vient ainsi de faire un nouveau cadeau aux concessionnaires en acceptant de régulariser les importations de véhicules neufs effectuées entre le 23 mars et le 9 avril 2015, et change donc la date de la domiciliation bancaire exigée, selon ce qui est précisé dans le cahier des charges.
Pour ce faire, le département de Abdeslam Bouchouareb vient de publier l’arrêté le 13 mai au Journal officiel, qui stipule que « les domiciliations effectuées avant le 15 avril 2015 ne sont pas concernées par les dispositions de l’article 23 du cahier des charges prévu par l’article 3 ».
Le nouveau texte dispose que « les points concernant le contrôle électronique de stabilité (ESC, ESP) et les deux airbags latéraux, cités de l’article 23 du cahier des charges fixant les conditions et modalités d’exercice de l’activité de concessionnaires de véhicules automobiles, remorques et semi-remorques neufs annexés à l’arrêté du 2 joumada ethania 1436 correspondant au 23 mars 2015, susvisés, sont supprimés ».
Pourtant l’arrêté ministériel relatif aux conditions et modalités d’exercice de l’activité des concessionnaire de véhicules neufs, venu en application des dispositions du décret exécutif de février 2015 relatif à cette activité, définissait les cahiers des charges à respecter pour la délivrance des agréments d’exercice des activités de concessionnaires de véhicules.
Mais avec cette modification qui vient d’être introduite, les concessionnaires ne sont plus tenus de faire en sorte que leurs véhicules répondent aux normes de sécurité prévues, notamment pour ce qui est du système antiblocage des roues (ABS), du dispositif limiteur de vitesse et/ou régulateur de vitesse et des airbags frontaux (conducteur et passager) et latéraux et du contrôle électronique de stabilité (ESC, ESP). Ces deux derniers points ont été supprimés.
L’arrêté précise que les véhicules de transport de personnes de plus de neuf places destinés au transport interurbain doivent être équipés d’un dispositif limiteur de vitesse ou système de bridage de la vitesse à 100 km/h. Quant aux autobus, ils doivent être dotés d’un système de bridage de la vitesse à 80 km/h.
Une fois encore, le gouvernement fait marche arrière devant les barons du tout-import. Là où le bât blesse, c’est qu’il s’agit de la sécurité des algériens, laquelle sécurité n’a pas de prix et pour laquelle le gouvernement dépense par ailleurs sans compter en campagnes de prévention routière.
Bizarrement, ce n’est pas le premier dossier touchant directement à l’intérêt du citoyen sur lequel le gouvernement tourne casaque. Rappelons-nous l’instruction d’Ahmed Ouyahia de 2008 relative aux médicaments, censée booster la production nationale. Sept ans après on importe toujours autant qu’en 2008, et la pénurie en médicaments sensibles persiste toujours.