L’affaire du général Hassan prend de nouvelles proportions après la condamnation de cet officier du renseignement et de la lutte antiterroriste, jeudi dernier, à 5 ans de prison ferme, soit la peine maximale. Hier, pas moins de trois réactions à ce verdict, apparemment inattendu, ont été enregistrées. Elles sont venues de l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, de l’ex-chef de gouvernement, Ali Benflis, et, enfin, de l’un des avocats du prévenu-condamné, Me Mokrane Aït Larbi. La simultanéité et la substance de ces trois réactions, qui convergent pour donner à l’affaire une déclinaison politique certaine, laissent penser qu’une véritable onde de choc a été provoquée par la sentence du tribunal militaire d’Oran.
Une onde de choc que l’on ne doit certainement pas à la seule surprise produite par le verdict, mais sans doute à la lecture, assez partagée, qui en est faite et qui donne à penser que nous assistons, en cette année 2015, à une “affaire Dreyfus”… à l’algérienne. Cette affaire-là, qui avait tenu la France en haleine de 1894 à 1906, dans laquelle était mis en cause puis condamné un capitaine pour trahison et qui avait inspiré à Émile Zola son fameux pamphlet adressé au président de la République française d’alors, Felix Faure, sous le titre J’accuse.
Pour l’heure, et à défaut d’un Zola bien de chez nous, c’est le général à la retraite Khaled Nezzar qui prend sur lui de déclarer, publiquement, que la justice militaire vient de prononcer à l’encontre du prévenu “une condamnation criminelle et infamante”… Les mots sont durs et l’on devine, pourtant, à la lecture de son texte, qu’il a tenu à garder le sens de la mesure. Comme Me Aït Larbi qui, tout en affirmant ne pas avoir tout déballé, car contraint à la réserve par le huis clos du procès, ne s’est pas empêché de nous faire savoir qu’un trafiquant a été appelé à la barre comme témoin à charge ! Mais il y a une autre ressemblance entre la fameuse affaire Dreyfus et l’affaire Hassan : leur origine politique. Sans être un Zola, Nezzar ne manque pas de souligner que ce procès est intervenu à un moment “où des turbulences sont constatées au plus haut sommet de l’État”. C’est sans doute le fin mot de l’histoire.