Les habitants de la cité Ali- Saddek, en bordure de la RN5, connue communément sous le nom de la SNTP El- Hamiz, dans la commune de Bordj El-Kiffan (banlieue Est d’Alger), vivent l’enfer au quotidien pour cause d’air pollué. En effet, les résidants de cette cité, près d’un millier, se réveillent, chaque jour que Dieu fait, la poussière au seuil, dégagée par la centrale à béton Readymix-Algérie du groupe Lafarge qui n’est qu’à une centaine de mètres.
«Notre désarroi ne date pas d’hier, notre souffrance remonte à plus loin que cela. Notre cité a été érigée en 1989. À cette époque-là, nous menions une vie paisible, chacun s’adonnait à ses préoccupations quotidiennes et l’on ne s’est jamais douté qu’il viendrait le jour où notre vie allait être chamboulée par cette centrale à béton opérationnelle depuis 2002 et érigée sur un terrain qui appartient à la commune de Bordj El-Kiffan cédé par un contrat d’exploitation de 99 ans.
Depuis, beaucoup de choses ont changé. D’ailleurs, beaucoup de voisins, ne pouvant supporter cette poussière, ont dû, qui vendre, qui louer ses biens pour aller s’installer ailleurs et ainsi fuir cet enfer », se sont-ils lamentés.
Leur plaidoirie est encore longue. «Au moment où l’on s’attendait à ce que le terrain en question serve d’assiette pour la construction d’infrastructures plus bénéfiques, un CEM ou un lycée pour épargner à nos enfants des déplacements quotidiens de plus de quatre kilomètres, voila qu’on nous impose, sous prétexte de revenus fiscaux, une centrale à béton qui envenime notre existence », dit-on encore.
Ammi M’hamed, lui aussi ne mâchera pas ses mots. Il dira, fort à propos : «Dans ma propre maison, je ne peux m’installer sur ma terrasse et prendre de l’air, devenu irrespirable.
Ces Égyptiens (responsables de la centrale) et leurs complices locaux l’ont décidé pour nous. Mes petits-fils qui, jadis, aimaient passer leurs vacances ici, ne nous rendent plus visite», dira-t-il, coléreux. Pour sa part, le Dr Khebeb, pédiatre et résidant dans cette même cité, signe et persiste que la centrale en question a bien causé des désagréments de santé.
«En tant que résidant de la cité, je ne dirai plus que ce qu’ont affirmé mes voisins. Cependant en ma qualité de médecin pédiatre, je dirai que le nombre d’affections respiratoires s’est multiplié dans le quartier d’une façon inquiétante ces deux dernières années. L’on se rend malheureusement compte que la fréquence des pathologies respiratoires est très importante parmi la population en générale.
L’existence de sources polluantes à la lisière du quartier, dont notamment cette centrale y est assurément pour beaucoup. Ce qui engendre des défaillances dans le système respiratoire, surtout des enfants dont les parents viennent nous consulter quotidiennement pour nous confirmer presque les mêmes symptômes», précisera- t-il.
Quant à la direction de l’unité, les riverains interrogés à propos, diront qu’aucun de ces responsables n’a daigné les recevoir. Ils affirmeront également que des actions ont été entreprises dans ce sens sans que cela aboutisse. Des pétitions ont été, à maintes reprises, remises à l’APC ainsi qu’à la wilaya d’Alger, mais en vain.
OÙ SONT DONC CES ÉLUS LOCAUX?
C’est une question qui se pose d’ellemême étant donné que le terrain sur lequel est érigée la centrale appartient à la commune. D’où le devoir des élus locaux de fournir des explications. Interpellés, aucun responsable n’a daigné nous fournir la moindre information et personne ne voulait se prononcer.
Orientés en premier lieu vers Abdelkader Abdi, chargé de l’urbanisme au niveau de la commune, à coup sûr mis au courant du motif de notre visite, il s’est juste contenté d’affirmer qu’«à ma connaissance, aucune doléance dans ce sens n’est parvenue à l’APC de la part des habitants de la cité SNTP.
«Si c’était le cas, enchaînera-t-il, on aurait sûrement pris des dispositions afin de soulager ces populations». Qui donc pouvait répondre à nos questions ? Abdelkader Abdi, nous oriente à son tour vers son collègue chargé de l’environnement. Il était 10h45 minutes, ni ce dernier, ni aucun autre élu d’ailleurs, n’était à son poste.
Pourtant, mercredi, était jour de réception comme indiqué sur un tableau. Ceci dit, un élu concédera, sous le sceau de l’anonymat, que le terrain en question était depuis toujours une source de grandes polémiques, quoique, dira-t-il encore, la faute n’incombe point à l’actuelle instance dirigeante, qui n’a fait qu’hériter de la situation de l’ex- Assemblée communale.
LES EXPLICATIONS DE READYMIX-ALGÉRIE
Mohamed Fakhr Eddine, responsable de la centrale, rencontré sur place, s’est dit dans l’incapacité de fournir la moindre information et nous a orientés vers la direction générale de Lafarge- Algérie. Joints par téléphone, les cadres de la dite direction générale, après nous avoir balancé d’un service à un autre, ont choisi à la fin la voix du mutisme.
Farid Houali