50 000 personnes sont piquées par des scorpions annuellement et entre 40 et 50 décèdent suite à l’envenimation scorpionique. L’Institut Pasteur d’Algérie, qui produit jusqu’à 54 000 doses de sérum antiscorpionique par an, peine à répondre aux besoins du ministère de la Santé dont la demande oscille entre 85 000 et 120 000 doses. Les spécialistes qui soulignent que les scorpions s’adaptent aussi bien au milieu urbain que suburbain alertent sur les piqûres scorpioniques.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Le président du comité de lutte contre l’enveniment scorpionique estime que le programme de lutte contre le scorpionisme a permis de réduire les cas de décès. Cependant, dit-il, les efforts fournis restent insuffisants tant que l’on continue d’enregistrer encore des cas de décès. «Nous avons entre 40 et 50 décès annuellement suite à l’envenimation scorpionique et c’est inacceptable», estime le docteur Gueriane qui s’est exprimé hier lors d’une journée de sensibilisation sur le scorpionisme. Selon les spécialistes, sur 100 piqûres scorpioniques, 10% évoluent vers l’envenimation. Le ministère de la Santé a enregistré 1158 piqûres de scorpions et six cas de décès entre le début de janvier et le 23 juin 2019.
Le ministère de la Santé a décidé de la mise en place d’un plan stratégique de lutte pour la période 2019 à 2023. Mais selon les spécialistes, la lutte contre le scorpionisme n’est pas seulement l’affaire du ministère de la Santé. Selon ces derniers, le scoprion est un indicateur de salubrité publique en milieu urbain et suburbain et la lutte contre le scorpionisme nécessite une coordination multidisciplinaire notamment l’intervention des ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et de l’Environnement. Selon le docteur Terfani, directeur des maladies non transmissibles au ministère de la Santé, les piqûres scorpioniques sont mortelles dans 50% des cas. Il s’agit, selon lui, d’une maladie fréquente qui engendre un surcoût et qui touche principalement les enfants et les adultes. Ce qui inquiète surtout, dit-il, c’est l’évolution géographique des scorpions.
En effet, la présence des scorpions ne se limite plus aux régions du Sud et des Hauts-Plateaux. Mais le scorpion avance vers le Nord. Actuellement, 42 wilayas sont exposées au risque scorpionique. Contrairement aux croyances, soulignent les épidémiologistes, le scorpion ne cherche pas la chaleur et la toxicité du scorpion n’est liée ni à sa couleur ni à sa taille. Selon eux, l’Algérie abrite 40 espèces de scorpions dont 3 sont mortelles. Par ailleurs, en matière de besoin en sérum antiscorpionique, la demande du ministère de la Santé oscille entre 85 000 et 120 000 doses par an. L’Institut Pasteur d’Algérie produit 50% de la demande du ministère avec 54 000 doses de sérum antiscorpionique par an. M. Harrat, directeur de l’IPA, promet, cependant, de satisfaire la demande en sérum antiscorpionique cette année avec le recours à l’importation de quantités supplémentaires.
«Pour pallier toutes les insuffisances, nous avons lancé un appel d’offres pour l’acquisition d’une quantité supplémentaire pour satisfaire la demande», a souligné M. Harrat. l’IPA compte renforcer ses capacités de production pour satisfaire la demande locale et espère même arriver à exporter avec la mise à niveau de ses structures de fabrication de sérum antiscorpionique.
S. A.