700 travailleurs, militants activant au sein du mouvement populaire revendiquant le changement, ont été licenciés, accuse un communiqué de la Confédération syndicales des forces productives (Cosyfop) rendu public hier.
«Un grand nombre de travailleurs participant au mouvement populaire pour la démocratie, subissent une pression terrible de la part de l’administration et des institutions publiques», avertit la même source qui ajoute qu’outre les licenciements, «des prélèvements sur les salaires de plus d’un million de travailleurs algériens» ont été signalés pour avoir participé «aux trois grèves pour la démocratie» lancées par la Confédération en mars, avril et mai. La Cosyfop précise avoir reçu «des lettres de milliers de travailleurs de tous les secteurs qui ont été sanctionnés pour avoir brandi le drapeau national sur leur lieu de travail ou pour leurs activités de soutien du mouvement populaire, leur participation à des réunions, leur lutte pour le départ de la bande». Pour elle, ces sanctions constituent «une violation flagrante des droits des travailleurs» et expliquent la «révolte des travailleurs» à travers «des grèves de la faim», demandant la cessation des harcèlements et l’annulation des décisions disciplinaires.
La même source affirme qu’«une campagne de représailles contre la Confédération et ses dirigeants» a été lancée par «les restes du régime de Bouteflika au ministère du Travail» en raison de leurs activités et de leurs appels aux grèves générales qui, selon elle, «ont été la cause directe de la fin du rêve de la mafia pour briguer un cinquième mandat pour le président destitué Bouteflika». Cette campagne, explique la Cosyfop, se matérialise à travers des correspondances adressées aux administrations publiques «leur demandant de ne pas collaborer avec les syndicats affiliés à la Confédération en raison de l’illégitimité de ses instances dirigeantes».
Le communiqué rappelle, à ce propos, que son président, objet d’une plainte déposée contre lui «par le ministère du Travail illégal» pour usurpation d’identité de syndicaliste du Snateg Sonelgaz, a été «arbitrairement» condamné à six mois d’emprisonnement, qualifié par la Cosyfop d’«un nouveau précédent dans l’histoire de l’Algérie», expliquant encore que «l’usurpation d’identité de représentant syndicaliste n’est de mise que parmi les délégués syndicaux en litige» alors que «les structures de l’Etat n’ont rien à voir là dedans». Pour la Confédération, cette situation démontre qu’«il n’y a pas d’intention de faire aboutir les revendications du mouvement populaire» et affirme que les représailles toucheront tous «ceux qui ont participé à ce mouvement» et appelle à ne pas s’arrêter et laisser «ce système se réorganiser».
Rappelons que la Cosyfop est une ancienne centrale syndicale, à l’arrêt depuis plus de 25 ans, enregistrée et accréditée auprès du ministère du Travail sous le n°30, qui a été réactivée en 2018 par un groupe de jeunes syndicalistes. «Un groupe de jeunes militants syndicaux conscients a vu qu’il est temps de réunir les travailleurs algériens dans le but de faire sortir le mouvement syndical en Algérie de cette actuelle impasse causée par les opportunistes qui manipulent non seulement le sort des travailleurs, mais aussi le destin de l’Algérie», indiquait alors un communiqué de la Confédération signé par son président Raouf Mellal.
Par Moncef Wafi