Les premiers journées de l’industrie pharmaceutiques algériennes organisées par l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP) les 29 et 30 septembre ont été l’occasion de faire un état de lieux d’un secteur qui a connu des grands progrès mais se retrouve entravé aujourd’hui par plusieurs contraintes.
D’où le message en forme de « yes, we can » des professionnels aux pouvoirs publics formulé par Abdelouahed Kerrar, le président de l’UNOP : passer de 50% à 70% de couverture des besoins du pays en médicaments est réalisable. Sous conditions.
« L’objectif de passer de 50% à 70% de couverture des besoins de médicaments est largement à la portée des opérateurs algériens et parfaitement réalisable » a-t-il déclaré. Mais il est « tributaire des réponses préalables à apporter aux nombreux problèmes d’organisation que vit la filière ».
Un bel élan…
La production locale de médicaments qui représentait 25% en 2008 a atteint les 47% en 2017. Dans un marché passé de 1,9 milliards de dollars à 3,8 milliards, l’industrie pharmaceutique nationale durant cette même période la part de la production locale a évolué de 473 millions de dollar à 1,8 milliards de dollars.
Il a relevé également que durant la même période 2008-2016, la consommation nationale de médicament a connu une croissance annuelle moyenne de près de 9.3 %.
Cette progression, a indiqué Abdelouahed Kerrar, montre qu’un véritable savoir-faire national a pu être développé graduellement avec un personnel technique qui maîtrise désormais la production, le contrôle et le plein respect des standards internationaux de qualité, précise Abdelouhed Kerrar.
Le président de l’UNOP n’a pas manqué de saluer les efforts des producteurs nationaux qui, estime-t-il, ont réussi à donner corps aux politiques tournées vers la production locale à travers la baisse des prix du médicament permettant aux caisses d’assurance sociale de mettre en place un tarif de référence qui a stimulé la politique gouvernementale d’élargissement de l’accès aux soins.
… et des entraves
Mais l’élan de l’industrie nationale du médicament risque d’être freiné avec l’accumulation des contraintes depuis quelques années. La crise financière impacte les prix, la baisse de la valeur du dinar et l’absence de réajustement des marges fragilisent les producteurs.
Pour le président de l’UNOP, les capacités de production sont disponibles mais l’industrie ne peut se développer sans des prix rémunérateurs d’autant qu’ils sont dans un domaine où l’enjeu de la qualité est primordial.
« Nous avons à l’Unop présenté depuis deux ans des demandes de réévaluation des prix de certains grands médicaments au Comité économique. Celui-ci tout en étant sensible à nos arguments n’a toujours pas répondu favorablement à nos doléances » rappelle Abdelouhed Kerrar qui relève que cette situation a contraint certains producteurs à abandonner certains médicaments.
Il a appelé également à une « sérieuse mise à niveau » du cadre règlementaire qui doit devenir un « instrument d’appui » à la production locale, à une adaptation de la formation aux besoins des entreprises et à une meilleure coordination entre les services de santé et la sécurité sociale.
L’agence nationale du médicament toujours pas opérationnelle
M.Kerrar a de nouveau pointé le retard mis dans la mise en place de l’Agence nationale du médicament qui bien que prévue par une loi datant de 2008 n’a été formellement installée qu’en 2016 et qui n’est pas réellement opérationnelle à ce jour.
Les pouvoirs publics doivent éviter les retards dans la mise en œuvre des réformes qu’ils ont eu même décidés, a indiqué le président de l’UNOP, qui a appelé à la mise en œuvre effective de recommandations de « bon sens » que l’organisation formule depuis des années « en vain ».
Quid de l’avenir ?
Hocine Mehdi, Directeur Général à Industry Médical Service a une vision optimiste de l’avenir. « Suite aux restrictions dues à la chute des prix du pétrole, le taux de croissance du marché du médicament a baissé à 3%. ». Mais, précise-t-il, est surtout due « à certaines mesures de ralentissement de signature des programmes, créant une panique qui a agi sur le système commercial, mais la demande du consommateur n’a pas été atteinte » affirme-t-il.
Selon lui, le taux de croissance devrait dans les prochaines années de 3% à 7%. Une prévision basée sur des indicateurs démographiques (taux de natalité et vieillissement de la population) qui crée une demande.