Le secteur des assurances a réalisé une croissance de 2% en 2016, tirée par une forte évolution des assurances de personnes alors que les assurances de dommages ont affiché une relative stagnation (+0,6%), selon un bilan provisoire du Conseil national des assurances (CNA) et l’Union algérienne des assureurs et des réassureurs (UAR).
Le chiffre d’affaires du secteur a atteint 133,9 milliards de dinars (mds DA) à la fin 2016, y compris les acceptations internationales (la réassurance de la CCR consacrée aux affaires internationales), contre un chiffre d’affaires de 131,17 mds DA en 2015, a indiqué M. Abdelhakim Benbouabdellah, secrétaire général du CNA, lors d’une conférence de presse animée conjointement avec le président de l’UAR, M. Brahim Djamel Kassali, et d’autres responsables du secteur.
Pour les assurances de dommages, avec une part de marché de 89,2%, leur chiffre d’affaires a été de 119,4 mds DA en 2016 contre 118,7 mds DA en 2015, soit une hausse de 0,6%.
Impactée par la baisse des importations des véhicules suite à l’application du régime des licences en 2016, la branche automobile, qui a représenté une part de marché de 54,6% des assurances de dommages, a reculé de 1,4% par rapport à 2015 avec un chiffre d’affaires de 65,3 mds DA.
Les garanties facultatives (risques non obligatoires) ont reculé de 1,8% alors que les risques obligatoires, qui occupent 20,3% du portefeuille de la branche, ont progressé de 0,3%.
Quant à l’IRD (Incendie et risques divers), elle a totalisé 42,5 mds DA de primes, en hausse de 1,3% par rapport à 2015.
La sous-branche CAT-NAT (assurance contre les effets des catastrophes naturelles) a connu une hausse de 25,5% par rapport à 2015, contrairement aux risques de construction qui ont reculé de 6,2% et la Responsabilité civile qui a baissé de 5%.
La branche Transport a marqué une progression de 21,3% à 6,9 mds DA en 2016, la branche Crédit a évolué de 23,9% à 1,4 mds DA alors que la branche Agricole a reculé de 10,3% à 3,37 mds DA.
La part de marché des sociétés d’assurance de dommages à capitaux privés s’est élevée à 23,3% avec un chiffre d’affaires de 27,9 mds DA (+3,4%).
Quant aux assurances de personnes, leur chiffre d’affaires a progressé de 11,8% en 2016 passant à 11,5 mds DA contre 10,3 mds DA en 2015.
Le marché des assurances de personnes a été prédominé par la branche « vie et décès » à hauteur de 30,9%, suivie de la branche « prévoyance collective » (28,3%) et « assistance » (24%).
Les sociétés de capitaux privés détiennent 29,4% de ce marché avec des primes totalisant 3,4 mds DA. Selon M. Benbouabdellah, le recul de la cadence de croissance du secteur est « conjoncturelle » et est surtout le « résultat direct de la chute des prix des hydrocarbures en plus de l’application des systèmes des quotas pour l’importation des voitures ».
Cette conjoncture a cependant « poussé les assureurs à doubler d’efforts et à innover par le lancement de nouveaux produits dans plusieurs branches notamment dans les assurances de personnes », a-t-il ajouté.
Mais même si la croissance du secteur a ralenti sur une année, elle s’affiche en hausse remarquable sur les 10-15 dernières années: le chiffre d’affaires du secteur n’était que de 19,5 mds de DA en 2000, a fait remarquer, pour sa part, M. Kassali.
==73 mds DA de stock de sinistres à payer à fin 2016==
Pour ce qui est des sinistres réglés par l’ensemble des sociétés d’assurance, ils ont totalisé 62,4 mds DA en 2016 contre 70,8 mds DA en 2015, soit une hausse de 11,9%.Ces règlements restent dominés par les assurances de dommages avec 96% contre 4% pour les assurances de personnes.
A fin 2016, le stock des sinistres à payer s’est élevé à 73,1 mds DA en hausse de 2,7% par rapport à 2015. La cadence de règlement des sinistres a ainsi atteint un taux de 46% .
Les indemnisations versées par les sociétés d’assurance de dommages ont atteint 59,9 mds DA, en hausse de 12% avec une part des sinistres de l’assurance automobile de 73,2%.
Les sinistres réglés des sociétés d’assurance de personnes ont été de 2,5 mds DA, consacrés surtout à la branche « prévoyance collective ».
Pour ce qui est de la réassurance, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 27,2 mds DA en 2016 dont 24,3 mds DA en affaires nationales et 2,9 mds DA en affaires internationales, marquant ainsi une progression de 7,4%, a indiqué le P-dg de la Compagnie centrale de réassurance (CCR), M. Hadj Mohamed Seba.
La CCR a réglé 11,8 mds DA d’indemnisations en 2016 contre 11,1 mds DA en 2015, selon lui. D’autre part, M. Kassali a annoncé que l’opération d’assainissement des recours relatifs aux indemnisations des sinistres automobiles pour les dossiers datant de 2013 sera entamée en septembre prochain.
L’assainissement des recours se poursuivra en janvier 2018 avec le règlement des dossiers de 2014 pour être clôturé en septembre 2018 avec les dossiers de 2015, a-t-il avancé.
Le nombre des dossiers des trois exercices (2013, 2014 et 2015) tourne autour de 150.000 dossiers, a-t-il estimé.
Les assureurs ont déjà assaini 77.953 dossiers qui étaient en instance de règlement au titre des années 2010, 2011 et 2012 pour un montant total de 3,06 milliards DA.
Cette opération d’assainissement des recours a été rendue possible grâce à deux conventions inter-compagnies d`assurances signées en 2015.
La première est appelée « Convention d’assainissement des recours au coût moyen » (Arcim) qui consiste à traiter les stocks des dossiers en suspens depuis 2010.
Quant à la seconde, elle est intitulée « Convention Interentreprises de règlement des sinistres automobile matériels » (Irsam) qui porte sur la réduction
à moins de deux mois des délais de remboursement des nouveaux recours. Un autre mode de gestion des recours sera introduit, probablement dès le 1er janvier 2018, avec la mise en place d`une nouvelle convention appelée IDA (indemnisation directe des assurés) qui devra permettre aux assurés contre les dommages et collisions de véhicules d’être indemnisés dans leurs propres agences d’assurances systématiquement sans que leurs cas fassent l`objet de recours, a-t-il avancé.
Par ailleurs, l’UAR a finalisé une application informatique dénommée « Fichier national des conducteurs assurés », qui retrace la sinistralité engendrée par tous les conducteurs de sorte à affecter un « malus » à tout conducteur responsable d’accident de la circulation et de faire bénéficier les « bons conducteurs », c’est-à-dire ceux n’ayant pas causé de sinistres, de bonus sur la prime d’assurance.
Cette application, qui permettra de lutter contre la fraude à l’assurance, entrera en vigueur très prochainement, selon M. Kassali. Il a indiqué que les assureurs s’apprêtaient à se lancer dans le numérique et la gestion automatisée pour offrir à leurs clients une variété de prestations en ligne, et ce, grâce à la mise en place d’un programme de digitalisation de l’assurance.
Evoquant l’amendement en cours de l’ordonnance 95-07 régissant le secteur des assurances, amendée en 2006, il a avancé que l’UAR avait formulé des propositions de réformes allant dans le sens d’une capitalisation de l’expérience cumulée en corrigeant les insuffisances constatées durant les dix dernières années.
La réforme proposée porte également sur une meilleure gouvernance des sociétés et de la régulation du marché, une meilleure protection des intérêts du consommateur ainsi que sur le développement et la modernisation du marché de l’assurance par le développement de la distribution et l’innovation.