Les bombardements de la coalition arabe “ont causé le plus de victimes civiles directes”, touchant des “zones résidentielles”, des “marchés”, et “même des installations médicales”, souligne le rapport des experts onusiens.
Le groupe d’experts, présidé par le Tunisien Kamel Jendoubi, relève que les frappes de la coalition menée par l’Arabie Saoudite “ont causé le plus de victimes civiles directes”, touchant des “zones résidentielles”, des “marchés”, et “même des installations médicales”. Pour rappel, cette coalition militaire est intervenue en mars 2015 au Yémen pour aider le pouvoir face aux rebelles houthis qui s’étaient emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa. Jeudi dernier, 26 enfants ont été tués jeudi dans des frappes de cette coalition, ont annoncé des responsables de l’ONU. Le 9 août, un raid aérien, déjà attribué à cette coalition militaire, dans la province de Saada, fief des rebelles, avait frappé un bus qui transportait des enfants, tuant 40 d’entre eux. Il est expliqué dans un communiqué que “le Groupe d’experts a des motifs raisonnables de croire que des membres du gouvernement yéménite et de la coalition ont pu mener des attaques en violation des principes de distinction, de proportionnalité et de précaution pouvant constituer des crimes de guerre”. Dans ce “conflit oublié” comme le désigne M. Jendoubi, les enfants paient un lourd tribut car ils sont également enrôlés par les différentes parties en présence. Ceci étant, la mission d’experts mandatée par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU n’a épargné aucune partie engagée dans le conflit armé au Yémen, estimant qu’elles ont potentiellement commis des “crimes de guerre”.
C’est ce qui est a été affirmé hier dans le rapport rendu public hier, qui couvre la période allant de septembre 2014, date du début des hostilités dans ce pays, jusqu’à juin 2018. Les experts disposent “d’informations substantielles leur permettant d’affirmer que le gouvernement du Yémen, les forces soutenues par la coalition, ainsi que les forces houthiesutilisent des enfants pour participer activement aux hostilités”. “Dans la plupart des cas, ces enfants étaient âgés de 11 à 17 ans mais il y a eu des indications régulières sur le recrutement et l’utilisation d’enfants âgés de huit ans”, relèvent les experts. Les blocus imposés par la coalition dans les ports yéménites ainsi qu’à l’aéroport de Sanaa peuvent par ailleurs revêtir le statut de crimes au regard du droit international, soulignent les experts. “J’exhorte toutes les parties à prendre les mesures nécessaires pour supprimer les restrictions disproportionnées à l’entrée sécurisée et rapide au Yémen de fournitures humanitaires et d’autres biens indispensables à la population civile, et à la circulation des personnes, notamment via l’aéroport international de Sanaa”, a déclaré M. Jendoubi. Il y a lieu de rappeler enfin que l’ONU a convoqué des pourparlers sur le Yémen le 6 septembre à Genève, alors que jusque-là toutes les tentatives de règlement politique ont échoué.
Merzak Tigrine