Une «Tarika» sur la sellette: La Karkariya ou le soufisme méconnu

Une «Tarika» sur la sellette: La Karkariya ou le soufisme méconnu

Les «touroukites» ne sont pas nés récemment, leur profession de foi remonte à des siècles. La Karkariya n’est pas une «tarika» pleinement conçue et clôturée, le fondateur qui n’est autre que Mohamed Fawzi Karkari, lui-même disciple de Cheikh Sidi Moulay, s’inspire des préceptes «soufis».

La «tarika» karkariya suscite beaucoup d’interrogations et moult questions sur sa genèse et les raisons qui ont fait que ce courant qui se réclame du «soufisme» a bénéficié d’un traitement médiatique sans égal.

D’ailleurs, cette apparition un peu «drôle» de cette «tarika» sur la scène publique durant cet été, a créé une espèce de tintamarre qui oscille entre l’intrigue et la dénonciation, d’où la stupéfaction de beaucoup d’Algériens peu en phase avec ce monde des «soufis» et leur façon d’exprimer leur attachement à la religion via une forme d’adoration qui casse avec le dogme qui régit la religion musulmane, dans le monde en général et en Algérie en particulier. Cette «tarika» est traitée de secte, elle est pestiférée par certains médias et associations à l’image de l’Association des «ouléma», sans que cette prise de position soit expliquée et vulgarisée aux Algériens en manque d’informations et de connaissances, quant à ce monde de mysticisme et le patrimoine «soufi» en général.

Certes, cette «tarika» a usé d’une méthode de choc pour exprimer son énoncé soufi, en se référant à une forme de «hadra» mêlée d’un comportement vestimentaire qui laisse pantois ceux qui assistent à leur parade spirituelle en affichant des habits bariolés, voire «étranges» pour beaucoup de gens qui n’avaient pas l’habitude de voir ce genre de scènes surtout dans des espaces publics. Les «touroukites» ne sont pas nés récemment, leur profession de foi remonte à des siècles.

La karkariya n’est pas une «tarika» pleinement conçue et clôturée, le fondateur qui n’est autre que Mohamed Fawzi Karkari, lui-même disciple de Cheikh Sidi Moulay, s’inspire des préceptes «soufis» en intime rapport avec les ancêtres qui ont fait de cette pratique un courant universel à l’image de Ibn Arabi qui a su donner au soufisme ses lettres de noblesse. La polémique dont a fait l’objet le phénomène Karkariya, même si cela était légitime de par la sortie surprise de cette «tarika» qui a pris tout le monde au dépourvu, n’exclut pas que beaucoup d’observateurs ont versé dans des jugements hâtifs et infondés.

D’ailleurs, ce n’est pas par hasard que le ministère des Affaires religieuses sous la pression de certains médias et associations a ouvert une enquête sur cette «tarika» et ses visées. Cette attitude se justifie dans la mesure où la question des groupes et des organisations qui activent sans connaître leur traçabilité pourrait se transformer en un imbroglio aux retombées incontrôlables. Cela étant dit, seulement, la démarche des disciples de la «tarika karkariya» n’a rien à se reprocher sur le plan politique, puisqu’elle s’inscrit dans une logique foncièrement en rapport avec le mysticisme qui stipule de vivre une sorte de paix intérieure, loin du vacarme de la vie mondaine et séculière.

Pour ainsi dire, le mysticisme est à l’opposée de l’islam politique et la connotation obscurantiste dont il se revendique vertement pour imposer sa «chari’a» comme un mode opératoire éminemment politique, que ce soit au niveau institutionnel via l’Etat ou au niveau sociétal. La fameuse vidéo publiée dans les réseaux sociaux et qui a suscité une réaction du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, a été exploitée tendancieusement par l’Association des ouléma qui qualifie cette tarika de «secte dangereuse où la tutelle doit intervenir en urgence pour mettre un terme à cette tarika», précise l’association.

Dans ce sens, le représentant du ministère des Affaires religieuses et Wakfs au niveau de Mostaganem avait précisé que l’affaire de la publication de la vidéo consistant à inviter les Algériens à adhérer au sein de cette «tarika», surtout que l’affaire est initiée par un disciple venant du Maroc, a pris maintenant un caractère d’enquête qui sera envoyée le plus rapidement possible au niveau de la tutelle. Dans ce sillage, le responsable des affaires religieuses au niveau de la wilaya de Mostaganem a déclaré que: «Une enquête a été ouverte mardi par le ministère de tutelle et nous avons saisi le conseil scientifique islamique local au niveau de la direction des affaires religieuses et des waqfs afin de trancher le cas de cette nouvelle tendance», a précisé M. Hadjar, en ajoutant que «parallèlement à cela, j’ai rédigé mon rapport sur cette affaire et je le transmettrai dans les plus brefs délais au ministère des Affaires religieuses et des Waqfs», a-t-il déclaré.

Le représentant parle d’une enquête préliminaire et non pas d’une condamnation tous azimuts. C’est une manière de dire que cette «tarika» doit être connue de près par les pouvoirs publics, comme une forme de vigilance pour parer à toute surprise qui risque d’être encombrante dans ce genre de situation.

Tout compte fait, une «tarika» à l’image de la karkariya est loin d’être nuisible comme c’est le cas pour le salafisme que développe certains dans des chaînes privées en faisant l’apologie du crime et la propagation des idées le moins que l’on puisse dire mortifères et obscurantistes!!