Il aura fallu saisir la moindre occasion pour réagir officiellement sur l’histoire du « blacklisting » saoudien.
Notre ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, a estimé qu’il s’agit d’une « tempête dans un verre d’eau sans fondement aucun », rejetant ainsi les informations faisant état du manquement des institutions algériennes spécialisées quant à la prise en charge du dossier de prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme.
Pour Lamamra, « notre pays a actualisé ses lois en la matière », précisant également que « du point de vue technique, des rapports sont adressés au groupe GAFI et les parties concernées informées ».
Le Gafi (groupe d’action financière) est un organisme intergouvernemental créé en 1989 lors du sommet du groupe des 7 à Paris, chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent à l’échelle internationale.
« Du point de vue technique, ce groupe international « rend publics des bulletins et recommande aux institutions bancaires de faire preuve de vigilance avec certains pays qui n’ont pas encore adapté leurs législations » a souligné M.Lamamra, avant d’ajouter que « l’Algérie l’avait fait à travers l’enrichissement de ses lois et la mise en place de mécanismes qui veilleront à leur application ».
Rappelons que la veille de la déclaration de notre ministre des Affaires étrangères, le porte-parole du même ministère avait réagi aux informations, en soulignant que certains médias avaient rapporté avec « exagération et imprécision », voire parfois « une désinformation » cette histoire de blacklist saoudienne. Pour le porte-parole algérien, ce « dossier figure en tête des engagements internationaux de l’Algérie et il n’est pas de nature à être traité à un niveau bilatéral avec aucun pays arabe ou autre ».
Signalons qu’à l’origine de cette information, un média saoudien avait rapporté une note interne de leur ministère des Affaires étrangères, qui répertorie une liste « noire » de pays qui ne respectent pas les règles internationales de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, recommandant à ses structures de « surveiller ces pays ».
La note des services diplomatiques saoudiens distingue deux catégories de pays : notre pays figure dans la catégorie qui « ne respecte » pas les règles du GAFI, en compagnie de pays comme la Syrie, le Yémen, le Pakistan, l’Ethiopie, la Turquie et la Birmanie.
Ces notes sont suivies de recommandations destinées aux personnels spécialisés dans les secteurs du commerce et de l’industrie, afin de contrôler les clients ressortissants de ces pays qui font des affaires (achats et ventes), de durcir les conditions d’identification de ces clients pour connaître les vrais bénéficiaires.
Rappelons que cette affaire avait soulevé un tollé dans la presse nationale, dont certains commentateurs sont allés beaucoup plus loin dans la critique, allant jusqu’à la vindicte.
Certains avaient même annoncé qu’il existe une « hostilité saoudienne envers l’Algérie », en rapportant l’affaire de l’avion d’Air Algérie qui fut empêché de traverser l’espace aérien saoudien pour aller au Yémen afin d’évacuer nos ressortissants au début de l’intervention armée de la coalition contre les Houtis.