Université d’automne sur les avancées de la condition féminine en Algérie, « L’Etat doit s’ingérer dans la famille »

Université d’automne sur les avancées de la condition féminine en Algérie,  « L’Etat doit s’ingérer dans la famille »

Les intervenants ont insisté particulièrement sur «l’écart entre la loi et la réalité du terrain» et «la réinterprétation des textes inspirés du Coran».

Dans une conférence de presse animée hier au club Alloui, Mme Éveline Chevalier représentante du Cisp, M.Saïd Salhi, vice-président de la Laddh, M.Mouloud Salhi, président de l’Etoile culturelle d’Akbou et Mme Nadia Aït Zaï présidente du Ciddef sont revenus sur les travaux de l’université d’automne organisée depuis le 26 du mois en cours dans le cadre des projets DemAR et monde selon les femmes sous le thème: ´´20 ans depuis Pékin et 10 ans depuis les amendements du Code de la famille, quelles avancées pour les femmes en Algérie?´´; d’emblée le vice-président de la Laddh a relevé le contexte national et mondial dans lequel est intervenue cette université, dont notamment la Journée mondiale sur la violence faite aux femmes, la campagne de sensibilisation mondiale mais également le cas de Razika qui a soulevé un tollé général chez les défenseurs des droits de l’homme. Lui succédant, Mme Éveline Chevalier représentante du Cisp, une institution présente depuis 15 ans en Algérie s’est intéressée aux jeunes et aux femmes comme acteurs du développement et les facteurs qui influent sur ce développement dans la société, dont notamment le droit et le Code de la famille. «Avec ses engagement l’Algérie est un pays qui se singularise en la matière», a-t-elle estimé, Mme Nadia Aït Zaï présidente du Ciddef s’est interrogée sur des questions sensibles qui font obstacle au changement, citant l’islam.

«Peut-il s’adapter à la réalité dans laquelle nous vivons? Assurément, mais avec une interprétation moderne», soutient-elle. Le fait de faire le bilan sur l’évolution de la situation depuis septembre 1995, à la faveur de la quatrième conférence mondiale sur les femmes à Pékin, est «une façon de permettre aux jeunes de s’initier aux valeurs qui leur permettront d’être les pionniers dans le changement avec les principes constitutionnels et universels. Les jeunes doivent être le relai pour continuer à être des acteurs de changement», s’est-elle montrée convaincue. Et de s’interroger encore «L’islam est-il porteur d’égalité? Sinon, comment assurer cette égalité par ‘el idjtihad » et la révision du Code de la famille? Abordant le bilan des réformes initiées depuis 2005, les conférenciers ont parlé «d’avancées qui ne sont pas négligeables», citant tour à tour, le Code de la nationalité qui fait qu’aujourd’hui, la femme peut l’attribuer à sa progéniture, le Code de la famille avec la notion d’égalité, que l’Etat se doit de lever toutes les discriminations entre l’homme et la femme.

Les intervenants ont insisté particulièrement sur «l’écart entre la loi et la réalité du terrain» et «la réinterprétation des textes inspirés du Coran» et «distinguer la femme dans son espace privé qui est la famille et son espace public». Nadia Aït Zaï a estimé que «l’Etat doit s’ingérer dans la famille et que l’espace privé doit s’extérioriser». A noter que près de 120 participant(e)s de diverses régions du pays ont débattu trois jours durant des thématiques de l’université ainsi que les défis de l’heure qui guettent la femme algérienne.

Un bilan a été fait sur l’évolution de la situation de la femme depuis la fameuse Conférence mondiale sur les femmes à Pékin et le programme d’action ambitieux et d’une portée historique adopté par les gouvernements de 189 pays dont l’Algérie, sur l’égalité entre hommes et femmes et l’autonomisation des femmes partout dans le monde. 20 ans plus tard, le projet DemAR a décidé avec ses partenaires de la Laddh, l’Etoile culturelle d’Akbou et le Ciddef d’encourager fortement la parité parmi les participantes et les participants à cette rencontre et de lancer une réflexion collective sur le statut des femmes en Algérie à travers cette rencontre qui a réuni des jeune citoyennes et citoyens, des artistes, des universitaires, des activistes, des expertes et des experts algériens et internationaux autour de trois thématiques: l’arsenal législatif algérien, la société algérienne et l’encouragement de la participation des femmes à la vie économique, politique et culturelle algérienne.