Un groupe d’étudiants en piquet de grève derrière un large calicot demandant la réhabilitation du diplôme d’ingénieur. Un instantané de la situation mercredi après midi à Targa Ouzemmour, à Béjaia, 250 kms à l’est d’Alger.
Les étudiants continuent d’interdire, depuis dimanche, et notamment au travailleurs des services du rectorat, tout accès à ce campus historique de l’université de Bejaia où sont implantées trois grandes facultés d’ingénieurs. Objet de la contestation estudiantine, un décret présidentiel relatif à la grille indiciaire des traitements et régime de rémunération des fonctionnaires.
Le décret fait la part belle aux titulaires du Master, le diplôme sanctionnant les études de graduation de l’architecture LMD (licence –master-doctorat) placé désormais en préséance par rapport au diplôme d’ingénieur d’Etat.
« Cette nouvelle grille des niveaux de qualification est anormale du moment que les étudiants du système classique cravachent pendant 5 années pour avoir l’ingéniorat et les étudiants du système LMD en font de même pour avoir le master mais curieusement ils sont classés dans deux catégories différentes », proteste un étudiant en fin de cycle d’ingéniorat.
Le décret présidentiel du 15 décembre 2010 modifiant celui du 29 septembre 2007 classe à la même catégorie, la 14eme en l’occurrence, les diplômes de Master (BAC+5) et de Magistère (BAC+7) alors que le diplôme d’Ingénieur d’Etat (BAC+5) est toujours maintenu à la catégorie 13.
En contraste avec l’effervescence qui règne à Targa-Ouzemmour, les cours et les examens se déroulent dans la normalité totale au nouveau campus d’Aboudaou, l’emblème et le siège des facultés du système LMD dans lequel l’université de Bejaia s’engouffre chaque année davantage malgré de sourdes oppositions.
La promulgation de ce décret présidentiel ravive les suspicions quant aux finalités visées par le système LMD. Les étudiants des facultés d’ingénieurs qui mènent la contestation revendiquent, outre l’abrogation du nouveau décret, une révision de fond du système LMD.
Un système qui tend vers une plus grande professionnalisation des diplômes et partant de plus grandes chances d’insertion dans le monde du travail, expliquent ses partisans.
Le LMD rompt avec l’approche académique pour faire de l’université un « grand centre de formation professionnel »,préalable à sa privatisation, rétorquent les opinions hostiles .
Ces revendications seront, demain jeudi, à la table des débats d’une conférence qui regroupera autour du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, tous les chefs d’établissement supérieur du pays.
Une source responsable confie que la revendication des ingénieurs devrait trouver une suite favorable à la faveur de cette réunion.