Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) n’est pas content et il le fait clairement savoir. Comme dans de nombreux secteurs, l’université algérienne fait face à de graves dysfonctionnements, de l’avis du coordinateur du CNES, Abdelmalek Rahmani. Ce dernier qui s’exprimait, hier, à l’occasion d’une conférence de presse à Alger, affirme que le colossal budget alloué à l’université, sert en réalité quelques personnes.
«Il y a des appareils destinés aux laboratoires de recherche qui ont été achetés 20 fois alors que l’université n’a besoin en réalité que d’un seul appareil», a révélé le coordinateur qui évoque clairement des malversations, des surcoûts dans l’achat de matériels, des détournements d’argent et de la dilapidation des deniers publics dont sont le théâtre les universités à travers tout le territoire national.
Selon le conférencier, les autorités doivent absolument agir pour sauver l’université des mauvais gestionnaires mais aussi de toutes ces personnes qui gravitent autour de l’université pour se sucrer et prendre une partie de ce budget alloué par l’Etat.
Même la recherche scientifique est concernée par ce problème, dira le coordinateur du CNES qui fera état d’une enveloppe de 1,2 milliard de dollars consentis par le gouvernement durant ces 5 dernières années.
Devant la passivité de certains responsables des universités, une véritable maffia a vu le jour et a installé un «affairisme» outrancier et ce au détriment de l’enseignant, des étudiants, des syndicats, bref de l’université dont la vocation est d’être le moteur de la société, de l’avis de M. Rahmani qui prévient contre des répercussions gravissimes les toutes prochaines années si la situation n’est pas rétablie.
Parmi les dysfonctionnements, le syndicaliste évoque notamment la décision du ministre de l’Enseignement supérieur de mettre un terme au financement des stages des doctorants à l’étranger qui n’auraient pas présenté leur thèse au bout de 6 années.
C’est une aberration, de l’avis du coordinateur du CNES qui souligne que l’état débourse pour chaque doctorant la bagatelle de 10 000 euros de stages à l’étranger, durant 5 à 6 années, avant de décider d’arrêter tout pour des considérations que le conférencier estime illogiques.
25 000 doctorants sont concernés par cette mesure, dira le responsable du CNES qui appelle le ministre à revenir sur cette décision et à procéder à l’étude des dossiers au cas par cas.
Le coordinateur du CNES dira, par ailleurs, que le CNES, à l’instar des autres syndicats autonomes agréés, est marginalisé et parfois même méprisé dans certaines enceintes universitaires alors que son rôle naturel est de défendre les intérêts des enseignants et proposer des solutions aux problèmes pédagogiques, financiers ou qui relèvent de l’administration.
Pour ce qui est de la grève déclenchée, hier, par l’intersyndicale, le conférencier a tenu à apporter tout le soutien du CNES à ce mouvement de contestation. Pourquoi le CNES n’a pas pris part à ce mouvement ?
Selon Abdelmalik Rahmani, le CNES n’a pas participé à cause de problèmes techniques. En effet, selon lui, le congrès du syndicat qui devait être organisé le 15 octobre dernier à été reporté au mois de décembre ce qui pose un problème sur le plan réglementaire.
Toutefois, le coordinateur du CNES affirme que son syndicat est partie prenante de toutes les revendications des contestataires en particulier celle relative au problème des retraites.
«Ceux qui ont géré la caisse de retraite doivent être poursuivis en justice», dira le conférencier qui rappelle que le CNES a tiré la sonnette d’alarme depuis déjà plusieurs années sur de nombreux problèmes qui auraient pu être évités aujourd’hui.