Elles ont beau s’en défendre, les 19 personnalités qui sollicitent une audience au président de la République pour s’assurer de la paternité des dernières décisions prises, la vacance du pouvoir est bel et bien au cœur de leur démarche qu’elles veulent pourtant distinguer d’une quelconque autre «initiative politique».
Et il n’y a qu’à voir la promptitude et la tonalité virulente des réactions des partisans du chef de l’Etat pour s’en convaincre. Eux qui ne s’embarrassent jamais de demi-mots ou de non-dits quand il s’agit de répliquer à temps à ceux qui osent s’en prendre à la cour. Pas même quand ces assauts émanent de personnalités ayant été, pour certaines d’entre elles, de ce cercle ou en ont bénéficié pour d’autres. Ce qui constitue, d’ailleurs, un argument de plus pour Saâdani et compères pour s’en prendre avec une rare virulence à ces personnes accusées de «mordre la main nourricière».
Ou encore les réactions, plus mesurées, faut-il le relever, de l’opposition dont une partie ne cesse de crier justement à cette vacance du pouvoir depuis des mois au moment où d’autres se limitaient juste à l’insinuer du bout des lèvres.
C’est que la démarche des «19» semble avoir atteint son but «inavoué», et ce, qu’elle aboutisse ou pas sur la forme. Car, qu’on le veuille ou pas, c’est la problématique de la vacance du pouvoir chère, notamment aux membres de l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (Icso), qui en est la «quintessence». Une instance qui se voit, ainsi, «confortée» dans sa démarche même si certains de ses membres font preuve de «prudence» et d’«humilité», même si certains soupçonnent les «19» d’agir pour le compte d’un clan du pouvoir, présentement affaibli, dans la perspective d’une succession apparemment à l’ordre du jour en haut lieu.
Ce que, d’ailleurs, le secrétaire général du FLN, himself, soutient. «Il n’est pas normal de douter du Président alors que des chefs de pays étrangers ont témoigné de ses grandes capacités», a, en effet, affirmé Ammar Saâdani avant-hier, s’interrogeant sur l’objectif recherché à travers cette démarche.
«Si c’est pour dire que la situation dans le pays est catastrophique, il faudrait qu’ils attendent 2019 l’année durant laquelle le peuple va juger le bilan du Président », a-t-il ajouté, accusant une partie des signataires de cette demande d’audience au chef de l’Etat «d’agir pour le compte de parrains qui ont quitté leurs postes».
Son alter go du pouvoir, le patron intérimaire du RND, ne le dira pas tout aussi clairement mais il le laissera entendre en estimant que le président de la République est «uniquement comptable devant le peuple souverain qui l’a investi».
Pour sa part, le secrétaire général de l’ANR qualifie la démarche des «19» d’«incongrue» et de «ridicule» puisqu’elle objecte, avoue Belkacem Sahli, de «s’assurer que c’est bel et bien le Président qui gouverne», leur reprochant «une volonté inavouée de s’assurer de sa bonne santé». Une démarche qui, a-t-il encore considéré, «met en doute la capacité du Président Abdelaziz Bouteflika à diriger le pays».
Comme «coulant de source», l’opposition perçoit cette vacance du pouvoir dans cette démarche de Hanoune et consorts, puisque y décelant une «prise de conscience sur l’incapacité du Président à gérer les affaires du pays et des dangers qui guettent l’Algérie».
Une conscientisation qui a, certes, tardé, comme le regrette le président du MSP, mais vient, néanmoins, de s’élargir pour atteindre des personnalités politiques dont celles qui défendaient le pouvoir et d’autres qui s’opposaient à la démarche de l’opposition unie «destinée à sauver le pays» avec l’espoir qu’elle s’élargira à d’autres franges de la société. Même si, comme le souligne le président de Jil Jadid, «cette mission est ardue» pour les signataires de la demande d’audience, car, soutient-il, «dire le contraire de ce que l’on a défendu des mois durant doit être argumenté». Ceci même si du côté du RCD, on se dit «intrigué que l’initiative émane d’éléments appendices du pouvoir, prêchant exactement ce que prêchait l’opposition il n’y a pas longtemps».
Le chargé de la communication au sein du parti, Atmane Mazouz, invite Hanoune et ses pairs à ne pas douter de l’impotence du chef de l’Etat confirmée par le passé mais de tout un système», la soupçonnant de nourrir des «objectifs inavoués derrière cet appel».
M. K.