Verbalisée sur une plage de Cannes pour le port d’un simple voile

Verbalisée sur une plage de Cannes pour le port d’un simple voile

BURKINI – « Une humiliation publique. » Une mère de famille de 34 ans, prénommée Siam, a annoncé mardi 23 août vouloir contester un PV qui lui a été dressé à Cannesen vertu de l’arrêté anti-burkini du maire LR David Lisnard, alors qu’elle était sur la plage, en legging et tunique, coiffée d’un voile.

Cette Toulousaine mère de deux enfants, qui ne souhaite pas donner son nom car elle cherche un emploi, dit avoir été verbalisée car elle ne portait pas « une tenue correcte respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité », selon un extrait du PV qui lui a été dressé, et qu’elle a diffusé à la presse.

Les faits se sont produits le 16 août, a expliqué la mère de famille à l’AFP. « J’étais assise sur la plage avec ma famille. Je portais un foulard classique, un hijab fleuri. Trois policiers sont venus vers moi car je portais une tenue ‘pas correcte’ », a-t-elle relaté. Ils lui adressent alors une contravention de 11 euros.

« Les gens criaient ‘rentre chez toi!’ »

« Aujourd’hui, on nous interdit la plage. Demain, la rue ? Après-demain, on nous interdira de pratiquer notre culte chez nous ? » s’insurge Siam, interrogée par l’Obs. « Dans le pays des droits de l’homme, je ne vois pas de trace des principes de liberté, d’égalité et de fraternité. Je suis révoltée que cela puisse se passer en France. »

Contactée par l’AFP, Mathilde Cousin, témoin de la scène, en a confirmé le déroulé : « Les policiers disaient ‘on ne fait qu’appliquer la loi’. Le plus triste, c’est que des gens criaient (à la mère) ‘rentre chez toi!’, certains applaudissaient la police. Pendant ce temps-là, sa fille pleurait », a-t-elle décrit.

« La parole raciste s’est totalement libérée. J’étais abasourdie », raconte Siam, interrogée par l’Obs. « J’ai entendu des choses que l’on ne m’avait jamais dites en face, comme ‘rentrez chez vous!’ ‘Madame, la loi c’est la loi, on en a marre de ces histoires’, ‘Ici, on est catholiques!’ »

Le maire dénonce une volonté de buzz

« Je n’étais pas là pour faire de la provocation, je n’avais pas l’intention de me baigner », ajoute la jeune femme, qui dit avoir refusé de payer l’amende de 11 euros.

Interrogé par l’AFP, le maire de Cannes David Lisnard a dit n’avoir « pas de raison de douter du fondement du PV dressé sur la base stricte de la réglementation ». « Les femmes qui ont un ‘simple voile’ (…) ne sont pas verbalisées à Cannes », a-t-il affirmé.

« Si cette femme estime qu’elle a été injustement verbalisée, ce qui peut hélas toujours arriver dans beaucoup de domaines, il faut qu’elle conteste », a-t-il ajouté. Le maire a dénoncé, autour de cette affaire, « un buzz voulu, orienté et dangereux. Certains veulent alimenter l’idée d’une forme de ségrégation, c’est abject! »

Respecter les bonnes mœurs et la laïcité

A l’instar de nombreuses autres communes de la Côte d’Azur, le maire de Cannes a pris fin juillet un arrêté ne se référant pas directement au burkini mais interdisant l’accès aux plages et à la baignade « à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, respectant les règles d’hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime ».

La mairie expliquait alors qu’il ne s’agissait « pas d’interdire le port de signes religieux à la plage (…) mais les tenues ostentatoires qui font référence à une allégeance à des mouvements terroristes qui nous font la guerre ».