Vérité des prix, état de l’administration

Vérité des prix, état de l’administration

Acculé par une crise financière qu’il n’a pas su anticiper, entièrement occupé qu’il était durant des années à une dépense irréfléchie mais aussi outrancière de la manne générée par la hausse des prix des hydrocarbures, le gouvernement a résolu de puiser la ressource nécessaire au budget dans les bourses et les économies des ménages.

Des ménages qui, en plus de devoir faire désormais avec un dur et éprouvant régime de taxes et impôts, sont sommés de se préparer à une révision progressive du système des subventions des produits de première nécessité.



Dit autrement, c’est la totalité de la facture de la mauvaise gestion du gouvernement qui est présentée au peuple. De manière rustre, voire même provocatrice. C’est dans cette attitude que s’illustre le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhelfa, qui, comme si le très controversé projet de loi de finances 2016 n’était pas déjà suffisamment effrayant, a accouru vers les médias, dès le lendemain du chahut de l’APN, pour annoncer la suppression graduelle du soutien de l’État aux produits de large consommation. Et, étant donné que la promesse n’engage que ceux qui y croient, comme il arrive à d’aucuns d’ironiser, le premier argentier du pays est allé de la sienne, soulignant la volonté du gouvernement de faire bénéficier 10 millions d’Algériens, ménages à bas ou sans revenus, de compensations financières. Pourquoi pas, tant est qu’un tel système est de mise dans bon nombre de pays occidentaux ? Seulement, il y a un problème, un grand, voire un insurmontable problème : comment déterminer qui est éligible à cette générosité de l’État et qui ne l’est pas ?  La mise en application du système des compensations suppose une administration à jour dans ses fichiers sur les situations économique et sociale des administrés, qu’ils soient actifs déclarés, œuvrant dans l’informel ou carrément sans emploi. Or, il se trouve que notre administration est loin d’approcher, encore moins d’égaler une telle performance. On le vérifie au moins une fois l’an, lorsqu’il faut distribuer le couffin du Ramadhan. C’est à la tâche que l’on se rend compte que rien n’est assaini en vérité. Il est à se demander comment fera-t-on demain pour compenser les personnes vraiment méritantes, tant est que, hormis les salaires, pensions et dividendes commerciaux déclarés, il est difficile de vérifier le niveau des revenus des ménages. À plus forte raison, dans une économie où l’informel se taille la part du lion. Encore une fois, le gouvernement a fait compliqué, parce qu’il ne lui est pas aisé de faire simple.