Vers la levée se son immunité parlementaire : Djemaï rattrapé par la justice

Vers la levée se son immunité parlementaire : Djemaï rattrapé par la justice

Coup de tonnerre dans le ciel très clair d’Alger hier. Le ministère de la Justice a demandé au bureau de l’APN la levée de l’immunité de trois parlementaires, à savoir le sénateur Ouraghi Sid-Ali et les députés Smaïl Benhamadi et Mohamed Djemaï, secrétaire général du parti FLN, député de Tébessa, en vue de poursuites judiciaires.
Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – C’est le cas de ce dernier qui focalise l’attention, lui qui passe son temps à vouloir dissocier son parti des bandes mafieuses qui ont régné sur le pays et de se disculper de toute la corruption qui a ravagé l’Algérie depuis 20 ans.
L’information a été donnée par le journal El Khabar, sans citer de source. Une information que nous avons confirmée auprès de plusieurs députés du FLN. Ce qui est sûr est que cette nouvelle est tombée comme un couperet sur la tête de Mohamed Djemaï, député, ancien chef du groupe parlementaire du parti et partisan zélé de l’ex-Président et du cinquième mandat.
Depuis son arrivée à la tête de l’ex-parti unique, Djemaï défend son «innocence» allant jusqu’à dire que le FLN était la première victime du système alors que le parti était un pilier de ce même système. Il s’est même dit choqué par l’ampleur de la corruption, dans le sillage de l’incarcération de deux anciens Premiers ministres, de plusieurs ministres et de nombreux hommes d’affaires !
On ignore les raisons et les motifs pour lesquels la demande de la levée de l’immunité parlementaire est faite.
Est-ce en lien avec ses affaires dans le monde du commerce ? Est-ce en lien avec la manière avec laquelle il s’est retrouvé à la tête du parti ? Selon certaines sources, la manière avec laquelle il a accédé à la tête du FLN relèverait du pénal.
Au sein du parti, il a fédéré de nombreux cadres contre lui. Il lui reproche la déconfiture du parti qui a perdu la présidence de l’APN. Sa rencontre avec l’ambassadeur de la Russie a suscité la controverse, en ce sens qu’il a cherché à impliquer Moscou dans la crise algérienne.
En tout cas, ces derniers temps, des scandales impliquant Djemaï ont éclaté dans la wilaya de Tébessa. Le journal El Watan a rapporté récemment qu’une association internationale de lutte contre la corruption, dénommée «Forum de lutte contre la corruption et de protection des droits universels», membre observateur de l’Onu et de l’Union européenne, a déposé une plainte contre Mohamed Djemaï, ses trois associés (parmi lesquels deux de ses frères) dans la société Salem Electronique, qui était représentante exclusive de la marque sud-coréenne LG, ainsi que 14 cadres de l’administration douanière auprès du procureur général près la cour d’Alger pour «dilapidation de deniers publics», «faux et usage de faux en écriture publique» et «non-acquittement des droits et taxes douaniers en vertu de l’article 47 de la loi 06/01 du 20 février 2006, relative à la loi sur la prévention et lutte contre la corruption».
Hier, lors de la marche hebdomadaire des étudiants à Alger, un manifestant a exhibé une pancarte sur laquelle il a écrit : «Il faut que Djemaï rend des comptes après ses déclarations mensongères».
La veille, le secrétaire général du parti FLN, Mohamed Djemaï a fait des déclarations gravissimes, affirmant que «toutes les familles de la wilaya de Tébessa sont des contrebandiers, à part sa famille». Mais ce que le manifestant ignorait est sans doute que l’information sur la demande du ministère de la Justice de levée de l’immunité parlementaire du député de Tébessa allait tomber le soir de la même journée.
Ce député a poussé le ridicule, dans sa défense du cinquième mandat, jusqu’à dire que «celui qui concurrencera Bouteflika n’est pas encore né».
La Révolution étant toujours en marche, le jour où les corrompus se croiseront à El Harrach arrivera sans doute.
K. A.