Vers le report du 10e congrès ?

Vers le report du 10e congrès ?

Le président Bouteflika a décidé de reprendre les choses en main au FLN, où s’est installée une anarchie qui risque, à terme de faire perdre au parti toute sa crédibilité et sa place de numéro un dans le paysage politique.

Pour ce faire, il chargé le général-major Bachir Tartag, conseiller à la présidence, de suivre le dossier FLN, a indiqué le journal arabophone El Bilad dans son édition d’hier. Après des mois de crise, le président d’honneur du parti a décidé enfin de s’impliquer personnellement dans la crise que vit le FLN qui s’apprête à organiser jeudi prochain, son 10e congrès si la justice lui donne raison dans le bras de fer juridique qui l’oppose aux contestataires dirigés par Belayat.

Le conseiller du président Bouteflika a reçu séparément il y a quelques jours, au siège de la présidence, les deux protagonistes de la crise, le SG du FLN, Amar Saâdani et Salah Goudjil, promu porte-paroledu comité créé suite à l’unification des rangs des contestataires. Si aucune information n’a filtré de ces rencontres, elles indiquent au moins que la situation est devenue très grave et ses conséquences incalculables.

En effet, les contestataires ne veulent reculer devant aucun obstacle pour obtenir gain de cause, à savoir le report du 10e congrès à une autre date, le temps que la crise s’estompe et que les deux protagonistes s’entendent sur une solution médiane.

Aussi, l’implication personnelle du président Bouteflika devra, à terme, mettre fin à cette crise et permettre aux deux parties de se réunir pour trouver une solution qui ne lèsera personne.

D’un côté, les contestataires reprochent à Saâdani de faire cavalier seul dans l’organisation du 10e congrès en éliminant systématiquement tous ses adversaires potentiels, et la création de 70 nouvelles mouhafadhas en l’espace de quelques mois sans faire appel à la base. De l’autre Saâdani, qui joue son va-tout dans la perspective d’une présidentielle, tente de faire main basse sur le parti en convoquant un congrès « sur mesure ».

En attendant l’issue de cette médiation, les adversaires de Saâdani ont occupé hier matin momentanément la rue adjacente du siège du parti à Hydra. Plus de 100 militants dont des députés, des sénateurs et des membres du comité central, se sont rassemblés devant le siège pour dénoncer la « dérive totalitaire de la direction actuelle ». Ces contestataires se sont déplacés pour réitérer leur refus de l’organisation du 10e congrès.

Le rassemblement a été organisé par le comité de crise mis en place pour sauver le FLN de la disparition. Tous les accès menant au siège du FLN étaient fermés par des policiers mobilisés en nombre sur les lieux.

Les manifestants ont dénoncé l’organisation du 10e congrès qualifié par eux de « préfabriqué », et de la « honte ».

Dans une déclaration lue à l’occasion, ces militants contestataires interpellent en effet Bouteflika pour qu’il intervienne à l’effet, selon eux, de « mettre fin à cette mascarade et annuler ce congrès de la honte ».

Les principaux initiateurs de cette action de protestation, à savoir Abderrahmane Belayat et Salah Goudjil ne se sont pas déplacés. Mais plusieurs anciens ministres, à l’instar de Rachid Boukerzaza, Amar Tou et El-Hadi Khaldi, ainsi queKassaAïssi et Abdelkrim Abada ont pris part à cette action de protestation.

Ils ont fait part de la finalisation de la liste des députés et des membres du comité central du FLN opposés à ce congrès « sur mesure ». Celle-ci sera rendue publique, aujourd’hui, lors d’une conférence de presse.

Abada dénoncera, au passage, le chef du groupe parlementaire du parti qu’il accuse d’avoir exigé des mouhafedhs de déléguer, chacun, pas moins que des « baltaguias » en vue de parer à tout imprévu lors du congrès du week-end prochain.

Pour rappel, la chambre administrative de Bir Mourad Raïs devra rendre demain sa décision relative à la demande d’invalidation de la tenue du congrès prévu les 28, 29 et 30 de ce mois.