Dans dix jours, l’opposition tiendra un sommet politique à Alger. Les états majors de plusieurs partis s’attellent à préparer cette rencontre qui aura lieu au siège de la formation de Ali Benflis, nouvellement agréée, le 9 juillet.
Selon les déclarations de plusieurs personnalités de cette opposition, cette rencontre de l’instance de concertation et de suivi (ICS), qui regroupe aussi bien les adhérents à la Coordination nationale des libertés (CNLTD) que les membres du pôle du changement que dirige Benflis, sera exclusivement consacrée à l’examen de deux points cruciaux : créer de nouveaux mécanismes pour faciliter l’élargissement de cette instance à d’autres forces politiques, et débattre ensuite des questions politiques, notamment la stratégie ou l’action sur le terrain.
S’il est prématuré de parler des résultats attendus de ce sommet de l’ICS, des informations font état de l’adhésion de plusieurs partis à cette instance ainsi que de l’acceptation de personnalités politiques d’intégrer cette structure de l’opposition.
Bien qu’aucune information n’a filtré sur ce mouvement politique, on fait savoir qu’il est important. Car on a longtemps critiqué cette structure de l’opposition, qualifiée de club fermé, ou de « front clôturé ».
D’ailleurs, l’une des faiblesses de l’action de cette opposition est justement sa propension à jouer au « monopole », à vouloir « garder la balle », dans son face-à-face avec le pouvoir.
Pour beaucoup d’analystes, cette opposition a été critiquée en raison du caractère « exclusif » de sa démarche, délimitant un territoire ou un espace de lutte politique d’où d’autres forces nationales, sociales et intellectuelles ont été exclues.
Cela a été vu comme un rejet, voire comme une « transposition » des excès du pouvoir durant des décennies à l’endroit de l’opposition. Cette dernière semble avoir choisi, délibérément ou pas, de suivre ou d’adopter des schémas qu’elle a toujours dénoncée, notamment chez la CNLTD.
Selon nos informations, ce sommet de l’ICS viendra pour corriger ces tares. On devrait ouvrir les portes de l’adhésion à l’instance, selon des critères politiques bien précis, comme l’acceptation de principes politiques et éthiques qui entrent dans le cadre de la philosophie globale de l’opposition.
Après cette phase, le sommet débattra le bilan d’une année de bras de fer avec le pouvoir, l’analyse des retombées de cette action, la situation générale du pays et les perspectives d’avenir. Il est question sans doute d’une révision des actions politiques de l’opposition afin de sortir du carcan des séminaires ou des rendez-vous thématiques, voire des réunions dans des espaces clos.
Une réflexion est déjà engagée par un comité d’experts sur cet aspect de la praxis, dont les résultats de la synthèse seront soumis aux chefs et leaders des partis qui siégeront le 9 juillet prochain.
Si on sait que le FFS, qui semble avoir adopté sa ligne traditionnelle, a rejeté les offres de l’ICS, comme attendu, en raison des sensibilités nées du refus de la CNLTD de soutenir sa proposition de conférence nationale sur le consensus, d’autres partis et personnalités ont émis le vœu de renforcer les rangs de l’opposition.
A ce propos, on évoque le nom de Rachid Nekkaz, un homme d’affaires, de l’ancien ministre sous le gouvernement de Ghozali, Benouari Ali, un algéro-suisse, tous d’anciens candidats à la présidentielle de 2014. Il est également question d’un retournement de veste « extraordinaire » que des personnalités et d’anciens dirigeants du FLN vont accomplir, après leur exclusion du parti à l’issue du dixième congrès et la consécration de Amar Saâdani comme chef incontesté du vieux parti.
Des noms sont suggérés, mais sans plus, bien que certains s’étonnent que des dinosaures du FLN, comme Belayat ou Belkhadem, soient capables de franchir le Rubicon et assister à ce sommet. Pourtant, tout le monde sait que la furie de Bouteflika et sa colère violente contre Belkhadem, qui fut également son conseiller à la Présidence, a surgi juste après que celui-ci ait accepté une invitation de l’opposition à une réunion dans la wilaya de Boumerdès l’an passé.