Viande ovine algérienne, La plus chère au monde

Viande ovine algérienne, La plus chère au monde

Durant les périodes de pointe de consommation tels les fêtes religieuses et le mois de Ramadhan, les prix connaissent une flambée inégalée.

Le niveau excessivement élevé des prix est expliqué par un marché interne dominé par une mafia de la viande. Comparativement, les prix pratiqués en Tunisie et au Maroc sont de loin moins chers qu’en Algérie.

Ainsi, durant les périodes de pointe de consommation tels les fêtes religieuses et le mois de Ramadhan les prix connaissent une flambée inégalée. Le prix affiché actuellement au niveau de la capitale est déjà exorbitant. Il est de l’ordre de 830 DA le kg.

Toutefois, à l’intérieur du pays, notamment au niveau des wilayas agropastorales telles Djelfa, qui représente le 1/5e de la production nationale, M’sila, Laghouat et El Bayadh, les prix sont moins démesurés. Dans ces wilayas, le kilo de viande oscille entre 390 et 560 DA.

Le coût de l’aliment du bétail représente 75% du prix de revient moyen de la viande, ont souligné les intervenants dans une série de conférences organisées en marge de la Foire internationale des produits et machinerie agricole. Depuis la décennie 80-90 il y a eu un certain désengagement de l’Etat de la filière de viande rouge et ses prix n’ont cessé d’augmenter atteignant parfois jusqu’à dix fois son prix initial.

Il a été également relevé par les communicants que la filière viande rouge évolue dans un marché caractérisé par une anarchie totale. Si l’Algérie est appelée le pays du mouton avant l’indépendance, en revanche depuis la fin des années 70, on a recours à l’importation pour combler le déficit et atténuer la spéculation.

L’Algérie est même classée en troisième position sur la liste des grands importateurs de viande rouge dans le monde arabe, derrière l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. L’augmentation de la production est toujours accompagnée de l’augmentation des importations.

En 2005, la production était de l’ordre de 300.000 tonnes tandis que 100.000 tonnes ont été importées pour faire la «soudure». En 2008, la production a atteint 320.000 tonnes dont 172.000 tonnes de viande ovine.

Les données estiment la consommation de viande à 10 kg/an par habitant. A l’horizon 2014, on projette d’atteindre 400.000 tonnes de production et un rapport de consommation de 11 kg/an par habitant, ont indiqué des professionnels de la filière. On recense 450 marchés à bestiaux ne répondant pas aux normes et 80 abattoirs et 365 tueries.

Cette filière n’a pas suivi le même itinéraire de développement que les autres filières lait et aviculture. Avec un capital productif de l’ordre de 20 millions de têtes constitué essentiellement de races locales telles Ouled Djellal, Hamra, D’han, Rambi, le complexe ovin domine ces filières alors que l’effectif bovin ne représente que 1,8 million de têtes constitués de bovins laitier et de consommation, a indiqué Mme Bounab, cadre supérieur d’une société de transfert et de conditionnement de la viande et auteure d’une étude traitant de la filière de la viande rouge.

La valeur du patrimoine animal en Algérie représente quelque 438 milliards de DA, tandis que la valeur de la production est estimée à 161 milliards de DA. Le maintien de la demande à un niveau élevé alors que l’offre demeure faible a fait que le marché soit fort lucratif, selon Mme Bounab.

Un niveau de protection trop élevé, voire dissuasif, accentué par les politiques de restriction draconiennes à l’importation des viandes, ont concouru à la dégradation offre/demande, souligne l’intervenante dans la conférence tenue, hier au niveau de la Foire d’Alger. L’affaire relative à l’importation de la viande soudanaise entre dans cette considération. Le flou total caractérise cette affaire. Le refus d’autorisation d’importer cette viande serait dûe en partie à la teneur élevée en graisse que présente le cheptel soudanais.

Toutefois, la filière de la viande rouge repose sur des élevages bovin et ovin et marginalement des élevages camelins et caprins. Des aides publiques ont, certes, été octroyées depuis 2000 dans le cadre du Programme national de développement agricole, mais l’augmentation de la production n’est pas significative.

Mohamed BOUFATAH