Victimes de l’importation massive de l’or: Ce que dénoncent les bijoutiers

Victimes de l’importation massive de l’or: Ce que dénoncent les bijoutiers

«Nous ne sommes pas contre la concurrence, mais nous ne sommes pas d’accord non plus avec la concurrence déloyale.»

Le métier d’artisan bijoutier est menacé de disparition. C’est ce que nous ont affirmé hier des membres du bureau exécutif des artisans bijoutiers de la wilaya d’Alger en se rendant à notre rédaction.

En fait, selon M.Belkacemi Mohamed, chargé de coordination au niveau de ce bureau, 70% des artisans bijoutiers ont baissé rideau et ont abandonné le métier ces deux dernières années. Ce pourcentage ne concerne pas uniquement la wilaya d’Alger, mais c’est un taux national, a affirmé M.Belkacemi. La raison, ce n’est pas la cherté de la matière première sur le marché, souligne-t-il, mais le bas prix de l’or sur le marché local suite à son importation massive par des affairistes en 2013 date à laquelle les ministères des Finances et du Commerce ont accordé les premières autorisations d’importation de ce métal.

Les importateurs, profitant de son bas prix dans certains pays, particulièrement aux Emirats-arabes unis, indique notre interlocuteur, ont pu importer de grandes quantités(3,6 milliards de DA durant les trois premiers mois de l’année 2013), chiffre fourni par l’Office national des statistiques (ONS). Cette importation massive de l’or a permis, fait remarquer M. Belkacemi, aux importateurs d’accaparer le monopole du marché de l’or en Algérie, et de le vendre à leur guise. Ainsi, ils ont fait baisser le prix de l’or sans tenir compte des intérêts des artisans bijoutiers qui le fabriquent en Algérie et à qui le prix de fabrication revient trop cher. Incapables de faire face à cette concurrence, beaucoup d’artisans bijoutiers ont mis la clé sous le paillasson et sont rentrés chez eux. Les ministères du Commerce et des Finances qui ont été interpellés à cette époque -là par l’Union nationale des artisans bijoutiers, pour intervenir et mettre de l’ordre n’ont pas réagi. «Nous ne sommes pas contre la concurrence, mais nous ne sommes pas d’accord non plus avec la concurrence déloyale», a ajouté notre interlocuteur, précisant que la majorité des artisans bijoutiers se sont lancés dans leur activité grâce aux crédits qu’ils ont contracté auprès des banques et autres organismes de l’Etat (Cnac, Ansej). «Nous devons honorer nos dettes et subvenir aux besoins de nos familles.», a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, et dans une requête qu’il a envoyée en date du 9 août 2016 comme un ultime appel, le bureau exécutif des artisans bijoutiers d’Alger a demandé aux autorités concernées dont le ministère des Finances, le ministère du Commerce, ministère de la Justice, la direction générale des impôts, d’arrêter l’importation de l’or, d’ouvrir une enquête quant aux personnes qui sont derrière les pratiques déloyales et la monopolisation du marché de l’or, d’obliger les bijoutiers détenteurs de vitrines de vendre de l’or confirmé(portant un poinçon), de protéger les artisans bijoutiers en garantissant leurs droits et en diminuant les impôts en fonction des revenus de son activité. Les artisans bijoutiers se disent prêts, au bas de leur lettre, à relever le défi de l’exportation. «Nous sommes prêts à prendre le défi de l’exportation et participer au développement de l’économie nationale», pouvait-on lire.