Victimes des incendies : florilège d’hommages artistiques

Victimes des incendies : florilège d’hommages artistiques

Lorsque les mots n’arrivent plus à exprimer les profonds sentiment face aux tragédies, l’artistique intervient. Plusieurs artistes de différentes sphères ont décidé de rendre hommage aux victimes des derniers incendies, notamment au jeune Djamel Bensmail, lâchement assassiné.

Un florilège de singles a envahi les réseaux sociaux afin, tantôt d’évoquer les mémoires des victimes des flammes criminelles, tantôt de demander justice et d’évoquer le formidable élan de solidarité des Algériens. Seul point commun entre toutes les œuvres musicales, c’est l’appel à l’union et à bannir toute évocation de violence ou de haine raciale.

Oulahlou : un cri d’amour

L’un des premiers artistes ayant évoqué la mémoire du défunt Djamel Bensmail c’est sans doute le chanteur Oulahlou. Dans son hommage écrit et interprété dans un arabe dialectal typiquement algérien, Oulahlou a tenu à mettre en avant la manière atroce dont a été tué la victime venue porter main forte aux habitants de Tizi Ouzou dans leur lutte contre les incendies.

Le chanteur révolutionnaire n’a pas manqué de soulever à chaque refrain la vocation artistique de feu Djamel Bensmail en entonnant de beaux et joyeux souvenir qu’il aurait vécu en chantant sur les aires des modes de musique algérienne, à savoir R’mel Maya et Zidane. « On nous a brulé vifs les salauds ! … Et ils t’ont brulé avec nous ! Que dieu ait ton âme, Djamel ». C’est ainsi que Oulahlou termine sa chanson avec un air triste et évocateur.

« Bladi El Djazayer » : l’émouvant appel de Amel Zen

Pour sa part, la talentueuse artiste engagée Amel Zen a préféré d’évoquer, comme à son accoutumée, l’amour de la patrie afin de rendre son hommage aux victimes des incendies parmi les civils et les militaires et à Djamel Bensmaïl, assassiné dans la foulée des incendies.

Dans sa chanson entamée par un slam, Amel Zen a tenu, à travers son hommage intitulé « Bladi El Djazayer », à exiger la vérité et la justice sur ce double drame. Mais aussi à dénoncer les tenants du discours de la haine et du racisme ayant suivi les événements douloureux qu’a traversé le pays.

Taisez-vous ! Vous qui appeliez à la haine et la division. Ce n’est ni un problème racial, ni un problème régional, mais plutôt des crimes contre l’humanité ».

« Pour toi Djamel et pour tous ceux qui ont péri dans le feu de forêt, parmi les civils et les militaires, nous replanterons les oliviers, les pommiers, le girofle et les pins. Nous reconstruirons les maisons et ressusciterons la terre et les forêts pour pouvoir respirer », a-t-elle récité sur un fond noir comme pour exprimer sa profonde tristesse à ce qui s’est passé.

À la fin de son récital poétique à la fois émouvant et évocateur, la brillante artiste a ensuite enchaîné avec un chant en arabe dialectal algérien, en kabyle et en chaoui. Dans ce passage harmonieux accompagné de notes profondes de piano, le fond noir laisse la place à des images de Djamel Bensmaïl, des incendies, et de belles images de la solidarité du peuple algérien lors de cette tragédie.

Mekky Deffas, l’artiste derrière la fresque de Djamel à Meliana

« Depuis les premiers moments ou j’ai porté un crayon, je n’ai jamais cru que je vivrai un tel moment. La quantité d’émotion que j’ai pu ressentir est juste grandiose », a confié Mekky Deffas, un artiste originaire de Jijel qui a immortalisé Djamel, un autre artiste tombé en martyre alors qu’il s’est porté volontaire pour éteindre le feu dans les forets de son pays.

Le portrait géant de Djamel, réalisé brillamment par la main talentueuse de Mekky Deffas, est la preuve vivante que d’artiste à artiste, il y a un langage magique, une onde secrète qui transcende toutes les langues et les obstacles. « Des choses que l’on fait par amour reviennent et sèment des émotions dans les cœurs », Affirme Mekky.

Mekky a été longuement enlacé par le père de la victime, présent lors de l’inauguration du portrait géant du jeune Djamel. Une journée qui débordait d’émotion, et qui a marqué à jamais le caractère pacifique et fraternel qui lient les tous les Algériens.

Le message de paix de Meryem Benallal

Avec sa voix juvénile et suave, Meryem Benallal redonne vie à Djamel et à son humanisme. Encore une artiste qui rappelle que tout ce que la mort de Djamel doit laisser dans le cœur des Algériens c’est l’amour qu’il vouait à tout le monde, ainsi que ses toiles, ses roses blanches qui rappellent le brillant esprit de Van Gogh.

Quand Meryem Benallal chante, la haine se tait le temps d’une chanson, le temps d’un voyage dans l’eau delà, qui nous emmène en compagnie d’un être cher, d’une âme d’un artiste mort, mais qui restera à jamais dans nos cœurs.

« Je t’ai vu dessiner des roses blanches sous un ciel bleu. On m’a dit que de ton temps, tu donnais, et que tu venais en aide tous ceux que tu rencontres », des paroles simples, chantées avec une voix douce, elles traduisent pourtant l’espoir de tout un peuple. Vivre en paix.