Le problème du vieux bâti, dans la wilaya de Bouira, se pose toujours, sans que les autorités puissent l’éradiquer.
De vieilles bâtisses, datant de l’ère coloniale et même de l’époque ottomane, sont en ruine mais toujours…habitées. Ce vieux bâti, connu sous la dénomination de “haouchs, constitue, pour ceux qui y résident, un danger permanent. Ces derniers ne cessent d’ailleurs de revendiquer leur démolition et d’être relogés ailleurs. Certes, sous l’ère de l’ex-wali de Bouira, Ali Bouguerra, la plupart de ces vieilles bâtisses ont été démolies et leurs occupants relogés. Cependant, il reste encore des dizaines de familles qui “vivotent dans ces gourbis”. En effet rue Aïssat-Idir (ex-rue de France), au centre-ville de Bouira, une dizaine de famille s’entasse dans des chambres de 6m2.
Mme et M. Oumani, des locataires depuis… 1962, selon eux, racontent leur calvaire. “Entrez et, surtout, excusez-nous pour le désordre”, nous dira cette femme, mère de famille, avec un sourire gêné, avant d’enchaîner d’un air emprunt d’ironie : “Comme vous pouvez le voir, on ne vit pas dans un palace”. En effet, les lieux donnent des sueurs froides, tant la misère et le dénuement sont omniprésents… Des mûrs qui s’effritent, un sol donnant l’impression de se dérober sous nos pieds quand on avance. “Cela fait près de 52 ans que notre situation va de mal en pis, sans qu’aucun responsable lève le petit doigt pour nous. Je suis lasse de cette misère, lasse de cette vie, lasse de voir mes enfants grandir parmi les rats et les moustiques.
Pourquoi tant de mépris, tant de négligence et de souffrance?”. Son mari, 56 ans, chômeur de son état, laissera éclater sa colère : “On vit comme des chiens. Pis encore, ces derniers sont libres d’aller où ils veulent. On nous a menti, opprimés et manipulés. Les autorités, à leur tête le P/APC, nous ont trahis”, s’est-il emporté. Et d’ajouter : “Le propriétaire nous a imposé un loyer de 6000 DA par mois, chose que nous avons refusée et nous sommes en justice depuis plus de 8 ans”. Et quelle est la position du propriétaire, A. Garti ? Pour lui, c’est “à l’État de les prendre en charge. Je suis dans ma propriété et je ne compte nullement m’en séparer”, a-t-il dit. M. Garti, affirme avoir en sa possession un permis de démolition pour raser les taudis qui servent de demeure à ses locataires, mais qu’il a refusé d’exécuter. “Je ne suis pas un monstre tout de même (…) c’est aux pouvoirs publics de les déloger pas à moi”. Interrogé sur la possibilité qu’il puisse un jour céder sa propriété à l’État contre une compensation financière, pour raser ces baraques, M. Garti s’emportera : “Jamais au grand jamais. S’ils osent le faire, ils devront me passer sur le corps. C’est une propriété de la famille et elle le restera”.
Devant cette situation de blocage, les familles sont otages d’un manque de volonté des uns et des autres et surtout de la part de l’État qui applique la politique de l’autruche devant un tel désastre humanitaire.