Le Forum des chefs d’entreprise (FCE) est-il entré dans une phase de turbulences ? Son président, Ali Haddad, est accusé en tout cas par plusieurs personnalités de l’opposition d’influer sur la politique du gouvernement, voire de guider ses orientations économiques. D’autres représentants d’organisations patronales s’offusquent en privé de ce rôle de parrain attribué au patron de la plus puissante organisation patronale, le FCE.
Dans la foulée, Habib Yousfi, le président de la CGEA, est de nouveau monté au créneau pour dire ce que plusieurs entrepreneurs pensent tout bas : Ali Haddad dicte sa loi au gouvernement. Ce qui paraît, a priori, étonnant de la bouche d’un fervent partisan du libéralisme.
Au demeurant, ce qui dérange dans la montée en puissance du P-DG du groupe ETRHB, ce n’est guère l’option défendue, à savoir une ouverture plus large des secteurs auparavant dominés par l’État, mais le pouvoir économique omnipotent que pourrait détenir le président du FCE au détriment de vrais producteurs de richesses. Du coup, il pourrait faire de l’ombre aux moins puissantes organisations patronales qui seraient alors moins écoutées par le gouvernement.
N’oublions pas que le FCE a progressivement perdu sa vocation première. À l’origine, il devait être le regroupement de capitaines d’industrie. Il n’avait pas, au départ, d’ambitions politiques. Au fil du temps, le politique a imprégné des décisions parmi les plus importantes du Forum. Aujourd’hui, la collusion entre le politique et les affaires au Forum n’a jamais été aussi étroite.
Mais au-delà de ces escarmouches, la question fondamentale est de savoir si le danger que représente la prétendue oligarchie tentée d’accaparer de nouveaux marchés offerts sur un plateau par une ouverture plus large du marché algérien et donc des richesses de l’Algérie, est réel ou surfait. Tant qu’on est au stade des intentions et non à pousser ses pions, il convient de rester prudent.
Car la menace la plus importante sur l’avenir de l’économie nationale est plutôt l’inefficience des contre-pouvoirs. Elle appelle à la vigilance. En effet, si le combat pour la transparence se relâche, si le silence sur des détournements de lois, de décisions au profit de clans au pouvoir se généralise, nous assisterons impuissants à une main basse sur l’Algérie.