La violence en milieu scolaire inquiète de plus en plus la famille éducative et la société civile.
Un projet «pour une école algérienne sans violence» a été présenté et débattu par les participants à la journée d’étude «sur la violence en milieu scolaire » organisée par la FOREM hier à l’hôtel Safir. Les intervenants ont tous convergé vers la nécessité d’adopter une approche globale ne visant pas uniquement le milieu scolaire mais l’ensemble de la société avec l’ensemble des paramètres.
Le professeur Khaled Abdesselam de l’université de Sétif a affirmé que ce projet est en fait une approche psychopédagogique et sociale qui vise l’ensemble des intervenants qui ont une relation directe ou indirecte avec l’enfant. Il précisera que l’approche «sécuritaire» adoptée récemment par le ministère de l’Education ne peut à elle seule résoudre le problème de la violence dans nos écoles. « Il nous faut une approche globale, car le mal est profond, la violence est dans notre société ». Il explique que cette violence est la résultante de rapports de force entre parents et enfants, enseignants et élèves, les directeurs d’établissements et les enseignants et en général entre l’administration et l’administré. Selon l’intervenant, le changement des valeurs et des idéologies dans la société algérienne, notamment avec les effets de la technologie, a favorisé le phénomène de la violence dans notre pays et nos écoles.
En s’appuyant sur les chiffres, le professeur a indiqué que 4.555 enseignants ont été violentés par des élèves durant l’année scolaire 2011/2012, selon les informations fournies par le ministère de l’Education. Et 1.942 élèves ont été violentés par des enseignants ou par des fonctionnaires de l’école durant la même période.
Pour ce qui est des violences entre élèves, pas moins de 17.645 élèves ont été concernés et 16 suicides parmi les élèves ont été enregistrés durant quatre mois de cette année. Des chiffres effrayants selon le professeur.
Selon Mustapha Khiati de la FOREM, pas moins de 300 cas de violence ont été recensés entre septembre 2013 et décembre de la même année, selon une étude sur les indices de violence au sein et aux alentours des établissements effectuée par le Conseil des lycées d’Algérie (CLA).
Il a été précisé que 60% des faits se sont produits au sein des établissements et 64% sont liés à des affrontements ayant lieu dans les espaces entourant les établissements. Pour ce qui est des formes de violence, en se référant à des articles de presse, une centaine de cas allant du simple accrochage au meurtre, violences entre élèves, agressions contre les professeurs, saccages ou dégradations des locaux scolaires. Et les faits les plus graves qui ont été relevés, le cas de consommation d’alcool et de drogue, de viol, de meurtre, de suicide, de menace et d’enlèvement.
Les participants à cette journée proposent, à travers ce projet, la formation psychopédagogique de l’ensemble des intervenants dans les établissements scolaires, l’enrichissement des programmes scolaires par des activités sportives, culturelles pour inculquer aux enfants les valeurs du dialogue et de la communication, l’interaction à travers des concours éducatifs, sportifs et artistiques et la mise en place d’une stratégie de communication et de sensibilisations en direction des parents, l’école, les associations et en général la société civile. Le professeur de l’université de Sétif a affirmé que ce projet sera remis, par le biais de la FOREM, au ministère de l’Education pour une éventuelle adoption. Il regrettera le fait qu’un projet pareil, déjà remis au ministère de l’Education du temps du ministre Abdelatif Baba-Ahmed, soit resté sans suite.