En annonçant hier qu’il se prononcerait demain sur la marche à suivre pour son camp, le candidat de l’opposition kényane, Raila Odinga, confirme qu’il rejette sa défaite à la présidentielle. Dans la foulée, il a appelé ses partisans à ne pas aller travailler. “Pour l’heure, je veux vous dire de ne pas aller travailler demain (lundi). Nous n’avons pas encore perdu.
Nous n’abandonnerons pas. Attendez que j’annonce la marche à suivre après-demain”, a déclaré M. Odinga au milieu de centaines de partisans au cœur du bidonville de Kibera, à Nairobi. C’était sa réponse aux appels lancés à l’opposition au Kenya pour canaliser la colère de ses partisans, après les violences post-électorales qui ont fait au moins 16 morts depuis vendredi dans ses bastions. Aucun incident notable n’était rapporté depuis samedi soir dans les bidonvilles de Nairobi et l’ouest du pays, théâtres d’affrontements violents mais sporadiques entre manifestants munis de pierres et policiers lourdement armés, après l’annonce vendredi de la réélection du président Uhuru Kenyatta, 55 ans.
Ailleurs, l’activité reprenait dans les rues de Nairobi, où les habitants se rendaient normalement dans les églises pour la messe. Au moins 16 personnes ont été tuées entre vendredi soir et samedi soir – neuf dans les bidonvilles de Nairobi, dont une fille de 9 ans, et sept dans l’ouest du pays – selon un nouveau bilan établi par l’AFP de sources policières et hospitalières. Cette flambée de violence a entraîné une mobilisation de la communauté internationale appelant à la modération. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lancé un appel au candidat défait Raila Odinga pour qu’il “envoie un message clair à ses supporteurs afin qu’ils s’abstiennent de recourir à la violence”. L’Union européenne et Londres ont également appelé à la modération tout en félicitant M. Kenyatta pour sa réélection.
Tous ont enjoint l’opposition de faire valoir ses récriminations par les voies légales, une option qu’elle a pour le moment écartée après avoir saisi en vain la Cour suprême en 2013. La colère des partisans de l’opposition avait éclaté à l’annonce de la victoire de M. Kenyatta, avec 54,27% des voies, sur son rival Raila Odinga (44,74%), au terme d’un scrutin pourtant annoncé serré par les instituts de sondage.