Depuis quelques années ; les violences perpétrées à l’encontre des femmes ont augmenté de manière inquiétante. Dans son rapport périodique de 2019 ; l’Institut national de santé publique (INSP) a révélé les résultats d’une enquête menée dans cinq wilayas du pays sur 3647 femmes.
Le rapport de l’INSP, relayé par le quotidien francophone El Watan, se base sur une enquête effectuée durant l’année 2019. Il étudie au total 3647 femmes victimes de violences dans cinq wilayas du pays : Alger, Oran, El Oued, Médéa et Blida.
Le recueil d’informations s’est fait par interview des femmes victimes de violences ; se présentant aux hôpitaux pour consultations en médecine légale, en gynécologie ou en urgences.
Le questionnaire comprend plusieurs points, à savoir : l’identification de la structure accueillante ; l’identification de la victime ; et le caractère de l’agression. Mais aussi l’identification de l’agresseur et ses caractéristiques ; et la nature et la fréquence de la violence. Ainsi que les conséquences immédiates de la violence ; et le type de prise en charge.
Rapport de l’INSP : les chiffres concernant les femmes victimes de violences
Selon le même rapport, les grandes villes connaissent un plus grand taux de violences contre les femmes. Avec 60 % à Alger, 27 % à Oran, 6 % à Blida et respectivement 4 et 3 % à Médéa et El Oued. La majorité des victimes consultent en services de médecine légale, avec 99 %, soit un total de 3610 victimes.
Concernant l’âge des victimes ; l’enquête a démontré que la majorité des femmes agressées sont des jeunes dont l’âge moyen est d’environ 35 ans. Avec la prédominance de la tranche comprise entre 25 et 34. Celle-ci présente une fréquence de 33 % des victimes consultées ; note le même rapport.
L’enquête de l’INSP a aussi rapporté la situation matrimoniale de ces femmes. Indiquant que 61 % des femmes subissant des violences sont mariées. 21 % sont célibataires, 5 % divorcées et 3 % veuves.
Par rapport au niveau d’instruction de ces victimes ; le rapport révèle que 22 % des femmes violentées sont de niveau moyen ; 20 % de niveau secondaire ; 13 % de niveau universitaire ; 10 % de niveau primaire et 8 % sans instruction.
S’agissant des professions de ces femmes ; les chiffres de l’INSP démontrent que ce sont les femmes au foyer qui sont le plus représentées avec 55 %. Suivies des femmes travailleuses qui représentent 17 % ; ainsi que les étudiantes et les écolières estimées à 0.5 et 0.1 %.
Rapport de l’INSP sur les femmes violentées : qu’en est-il des agresseurs ?
Dans son rapport, l’Institut national de santé publique (INSP) s’est aussi intéressé au profil de l’agresseur. Révélant que l’agresseur est dans 69 % des cas de sexe masculin ; et que son âge moyen est de 37 ans.
Les chiffres du même rapport indiquent que 18 % des agresseurs ont un niveau d’instruction moyen. 8 % sont sans aucune instruction ; 7 % ont un niveau primaire et 6 % un niveau universitaire.
S’agissant de leurs professions ; plus du tiers des agresseurs, soit 33 %, sont chômeurs. 27 % sont fonctionnaires ; 2 % sont retraités et 1 % sont encore étudiants.
L’enquête sur le caractère de l’agresseur a démontré que dans 38 % des cas ; c’est le mari qui cause ces violences. Dans 4 % c’est la fratrie de la victime. Et dans 6 et 8 % ce sont les connaissances et les voisins.
Par ailleurs, la nature des agressions est physique dans 98 % des cas. Les violences psychologiques représentent 5 % sont psychologiques ; tandis que les agressions sexuelles représentent 3 % des agressions. Concernant la fréquence de ces violences ; l’INSP a affirmé qu’une femme sur dix est battue plus de six fois par an.
Avant de conclure son rapport ; l’INSP a formulé une série de recommandations pour mieux approcher le phénomène des femmes victimes de violences. D’abord, il est question d’élargir le champ de déclaration et du suivi de ces femmes ; afin de pouvoir calculer et comparer les taux de prévalence de ces violences.
Ensuite, il faut signaler les principaux signes cliniques et encourager le dépistage, les soins, l’accompagnement et l’orientation des femmes victimes de violences. Après, il faut aussi atteindre une meilleure coordination aux niveaux local et central. Ou encore mettre en place une action globale du secteur contre les conséquences de la violence contre les femmes.