Ces derniers jours ont été marqués par une affaire des plus sordides. Neuf enseignants ont été victimes d’une lâche agression à Bordj Badji Mokhtar. Les responsables de cet acte ignoble, sont représentatifs, entre beaucoup d’autres, d’une forme de violence dirigée contre les femmes, qui s’est étendue au sein de la société algérienne ces dernières années.
La violente agression contre ces enseignantes, n’est qu’une goutte de plus dans un océan des violences dont souffrent les femmes en Algérie depuis quelques années. Il ne se passe pas une semaine sans qu’on entende parler d’un féminicide dans l’un des recoins de l’Algérie, sans parler de l’intimidation, du harcèlement, et de l’injustice sociale dont souffre nos concitoyennes.
Malik Drid, psychologue clinicien principal au CHU Saâdna Abdennour de Sétif, dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien El Watan, a essayé de donner quelques pistes, afin de comprendre les dessous de ce phénomène contre lequel l’état, mais aussi l’ensemble de la nation, devraient lutter.
Des profils « programmés pour la violence »
Selon Malik Drid, qui a tenu à exprimer sa totale solidarité avec les enseignantes agressées à Bordj Badji Mokhtar, « la violence contre les femmes est une forme de la violence qui s’est étendue à la société algérienne ces dernières années », et ce, bien que ce phénomène soit présent dans « la plupart des pays, même développés, dans des proportions variables ».
Le psychologue explique ensuite que les raisons derrière les violences faites aux femmes sont intimement liées aux mentalités et aux idéologies de certains qui « qui n’acceptent pas l’idée du travail des femmes, par exemple, et leurs succès et créativité dans tous les domaines ». Le clinicien n’a pas manqué d’ajouter que ce type de profil est « est programmé pour la violence », et ne peut supporter l’idée d’un « changement des rôles sociaux et économiques entre la femme et l’homme ».
À chaque fois que la femme conquiert ses droits dans la société, certains vivent cela comme si c’était une « infériorité vécue comme une stigmatisation ». Cette « infériorité », est compensée « par la violence », explique le psychologue, qui ajoute que « quand on arrive à l’agression à l’arme blanche ou au féminicide, là la situation devient alarmante ». Le profil des agresseurs est vite dressé par Malik Drid, il confie qu’« il s’agit souvent d’agresseurs polytoxicomanes et des personnalités pathologiques telles que les agresseurs sadiques et même les gens qui ont une misogynie ». Le psychologue ajoute que « certains agresseurs ont des troubles mentaux tels que le trouble bipolaire, la paranoïa et parfois ces troubles sont masqués ».
L’état de choc des victimes
« L’androphobie (la phobie des hommes), la gamophobie (la phobie du mariage), l’agoraphobie (la phobie des lieux publics) », sont toutes des répercussions dont souffrent les femmes victimes de violences. Ces répercussions psychologiques et comportementales peuvent être à court ou à long terme, explique le médecin.
Selon le psychologue, les femmes agressées peuvent également être victimes de PTSD (le trouble du stress post-traumatique), un type d’anxiété sévère qui se manifeste à la suite d’une expérience traumatisante, ce qui pourrait les mener à « à la toxicomanie, aux troubles psychiatriques et même au suicide, et bien sûr, l’impact varie d’une personne à l’autre, selon sa résilience psychologique ».
Pour conclure, Malik Drid, Psychologue Clinicien à principal au CHU Saâdna Abdennour de Sétif, a insisté sur l’importance des prises en charge des victimes de ces violences, « il faut commencer la prise en charge psychologique le plus vite possible au moins pour diminuer les séquelles psychologiques », a-t-il préconisé.