Ce sont des milliers d’enfants qui sont victimes, chaque année, d’agressions sexuelles ou de violences physiques en Algérie. Des centaines de cas recensés qui remontent à la justice, mais qui cachent des chiffres bien plus affolants, quand on sait que pour la plupart des cas les mineurs n’osent pas dénoncer l’horreur dont ils sont victimes.
Les seules données publiées et mises à la disposition du public sont ceux de la DGSN qui recense pour l’année 2020, 5067 affaires dont 2257 affaires de coups et blessure volontaire et 165 autres de maltraitance. Pour cette année de 2021, c’est « 2 453 enfants victimes de différentes formes de violences, dont 1 035 cas de coups et blessures volontaires ». En revanche aucun chiffre officiel n’est publié pour les cas d’abus sexuels sur mineur.
Selon le quotidien Le soir d’Algérie c’est « pas moins de 13 viols de mineurs, 84 actes de violence délibérée et 9 cas de mauvais traitement d’enfants en bas âge » qui ont été enregistrés dans la wilaya de Mila. Des chiffres qui font froid dans le dos pour une wilaya aussi conservatrice, les mœurs ont-elles changé au point de banaliser ce genre d’agissements ?
Une société plongée dans le silence : complice de cette violence
Une loi du silence qui s’impose et qui règne dans une société conservatrice où la sexualité et la violence sont des sujets tabous à ne pas évoquer. Un silence qui fait peur et qui permet de faire taire tous ces crimes pépétrés contre des mineurs sans défense. Les Algériens se murent dans le silence et deviennent inconsciemment complices de ces crimes.
Le manque d’éducation sexuelle dans le pays expliquerait peut-être cette » culture du viol » en Algérie. En effet la sexualité et les violences ne sont que très rarement abordées en société ou à l’école. Aucune prévention n’est faite à ce niveau-là. L’ignorance et le manque d’informations à la disposition des enfants favorisent ce genre de situation.
Les rares victimes qui osent briser le tabou et qui osent dénoncer subissent des retours très négatifs de la part des proches. Les familles préfèrent étouffer ce genre d’histoire afin de ne pas perturber la stabilité familiale. L’entourage tente de consoler la victime en protégeant le bourreau, qui est très souvent un proche de la famille respecté. Dénoncer c’est oser se confronter à tout le monde, c’est oser crier ce que la société tente de cacher à tout prix. Il est donc pas étonnant que dans la plupart des cas, les affaires de violences et d’abus sexuels sur mineurs n’arrivent jamais en justice.
La jeunesse livrée à elle-même
Face à tout cela, c’est des milliers de mineurs qui refoulent le cauchemar qu’ils vivent au quotidien. C’est une véritable peur qui anime le cœur de ces petites victimes de la perversité humaine. Les enfants sont confrontés à la violence et aux attouchements sexuels dans la rue dans les écoles, mais aussi dans les familles.
Comment un enfant de 5 ans peut-il accuser son exemple, cette adulte qui devrait être synonyme de « sa sécurité » en tant que mineur ? Comment hurler sa peine et raconter ce qu’on lui fait subir dans les petits recoins sombres de la maison et de l’école ?
Les enfants font donc face à un système absent et à une aide inexistante. Des associations tentent d’apporter leurs aides à ce genre de cas et essaient de faire bouger les choses. De lourdes peines pour les coupables et un suivi psychologique obligatoire devraient être accordées aux victimes afin d’éviter des traumatismes aux conséquences très graves.
Nous rappelons tous de même le numéro vert 11-11 mis en place par l’ONPPE, permet à toute personne ayant été témoin ou victime d’atteinte aux droits de l’enfant de dénoncer ces actes-là. La protection des enfants est le devoir de tous.