Terrorisme et émigration clandestine, telles ont été les principales questions de l’ordre du jour de la visite, lundi, en Tunisie, du ministre français de l’Intérieur Bernard Caseneuve.
Celui-ci s’est entretenu avec le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, et le ministre de l’Intérieur, M. Lotfi Ben Jeddou. Dans une conférence de presse tenue dans la soirée, le ministre français a fait le bilan de cette visite, affirmant que la France est prête à soutenir la Tunisie à renforcer ses capacités de lutte contre le terrorisme, qui constitue une menace pour les deux pays, voire les pays de la région. Dans ce contexte, la France, a-t-il dit, est disposée à aider la Tunisie dans la création d’une école de formation en sécurité et protection civile. La France aidera aussi la Tunisie à rejoindre la Fédération des Polices dans le cadre du Conseil de l’Europe. A propos de l’émigration clandestine, il a précisé qu’il va désormais œuvrer pour neutraliser les filières libyennes qui ne cessent de proliférer pour mettre en danger des milliers de vies humaines, sans compter que cette émigration constitue pour son pays un “enjeu de taille”.
Au plan national, le leader de Nida Tounès, Béji Caïd Essebsi, n’exclut pas une éventuelle alliance avec le parti islamiste Ennahdha dans la prochaine étape politique en Tunisie. Dans une interview au journal qatari “Ach-chourouk”, il a affirmé ne pas exclure Ennahdha de ses plans, et qu’il compte composer un gouvernement comprenant toutes les sensibilités politiques.
Pourtant, il y a quelque temps, Caïd Essebsi tenait un langage en parfaite contradiction avec ses récentes déclarations, au point que l’opinion publique ne pouvait imaginer une rencontre entre les deux grands partis du pays, à savoir Nida Tounès et Ennahdha. Cela se passait bien avant les législatives. Aujourd’hui, les temps et, surtout, les choses ont changé. N’ayant obtenu que 86 sièges aux législatives, le parti de Caïd Essebsi court après une majorité confortable que seul le parti islamiste est capable de lui procurer pour gouverner le pays. Aussi, Béji Caïd Essebsi fait-il les yeux doux à Ghannouchi ou lui offre-t-il une récompense pour avoir accordé la liberté à ses sympathisants de voter pour le candidat de leur choix, ce qui procurerait un soutien relatif au candidat Essebsi à la présidentielle.
Par ailleurs, le Dialogue national a tenu, lundi, sa dernière réunion consacrée à l’examen de l’éventualité de l’institutionnaliser ou non. Finalement, les participants ont convenu de le garder en fonction sans en faire une institution légale. Ce dialogue, initié par un quartet de la société civile conduit par la centrale syndicale, a sauvé le pays d’une crise qui a failli aboutir à la guerre civile après l’assassinat du député Mohamed Brahmi en juillet 2013. En effet, les multiples réunions de ce Dialogue avec la participation des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale constituante (ANC) ont permis de dénouer de nombreuses crises ayant bloqué les travaux de cette assemblée.
Chaque fois que les députés calaient, les questions épineuses étaient transférées au Dialogue national pour faciliter, par exemple, l’adoption de la Constitution ou le remplacement du gouvernement islamiste par un gouvernement de technocrates. Le consensus recherché était toujours imposé par les participants à ce dialogue qui, tant bien que mal, étaient arrivés à assurer une certaine stabilité (quoique relative) dont le pays a grand besoin. Aujourd’hui que le pays est sorti des élections législatives en prélude à la mise en place d’institutions stables qui mettront fin à la période transitoire, le Dialogue national n’a plus de place dans le paysage politique du pays. C’est du moins ce que pensent ses initiateurs qui ont décidé, lundi, de ne pas l’institutionnaliser
M. K.